Digital Movie Awards : « Les jeunes n’osent plus s’exprimer car ils ont de toute façon le sentiment de ne pas être entendus » (EXCLU)

Par Céline Pastezeur - Publié le 25 Juin 2014 à 15:19
La cérémonie se tiendra ce 26 juin.
Ce jeudi 26 juin, la deuxième cérémonie des Digital Movie Awards récompensera trois courts-métrages pensés et réalisés par des jeunes de la génération Y…et parlant de la génération Y ! Camille Mercier, à l’origine de la création de ce festival unique en son genre, s’est confiée à Air of melty pour nous parler du thème de cette année : l’engagement, ou plutôt le désengagement de la génération Y.
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Ce jeudi 26 juin, se déroulera la deuxième cérémonie des Digital Movie Awards. Mais qu’est-ce que c’est que ça ? Tout simplement un festival de courts-métrages pensés, conçus et réalisés par la génération Y pour parler de la génération Y ! C’est Camille Mercier, 24 ans et donc elle-même membre de cette génération, qui a eu l’idée de ce projet de festival l’an dernier, dans le cadre de ses études de management du marketing et de la communication au Pôle Paris Alternance. Un projet depuis aidé et devenu réalité grâce au soutien du Réseau des Grandes Ecoles Spécialisées (GES). A l’heure où la génération Y apparaît souvent comme une génération désabusée et incomprise, le festival donne justement la parole aux premiers concernés, comme nous l’explique Camille Mercier : « le festival est ouvert aux 18-30 ans. Ce sont surtout des étudiants en école de commerce, en communication et en marketing qui participent, avec quelques étudiants en audiovisuel. De toute façon, notre festival est bien différent des autres dans le sens où on ne juge pas la technique mais vraiment la pertinence avec laquelle le sujet est traité ».

Et le sujet traité cette année, c’est « l’engagement vu par la génération Y ». Un thème imposé par le réseau GES à Camille Mercier, mais aussi un thème qui s’imposait au vu de l’actualité : « Dans les médias, on entend pas mal de reproches autour d’une jeunesse désengagée. Là, on donne l’occasion aux principaux concernés de donner leur avis sur le sujet, de dire ce que représente l’engagement pour notre génération ». Ou pas, puisque, au final, parmi les 10 courts-métrages sélectionnés au final, seuls 4 portent réellement sur l’engagement. Et les autres alors ? « C’est assez hallucinant le nombre de vidéos qu’on a reçues sur le désengagement, ou alors sur l’engagement pour des broutilles. Beaucoup de films partaient dans tous les sens mais sans aller jusqu’au bout de la pensée de leurs réalisateurs. On sent qu’ils ont envie de dire ‘F*** la société, mais ils ne font pas. On dirait qu’ils ont peur de montrer qu’ils sont capables de s’engager. La plupart des films sont assez superflus, superficiels en cela ».

Selon Camille Mercier, la plupart des films réalisés dans le cadre du festival ont un point commun : leur ton. Un ton « humoristique mais très noir à la fois, on a une énorme dose d’humour noir en fait ». Un ton qui exprime aussi peut-être, selon la principale intéressée, quelque chose de profond : « Peut-être que les vidéos restent superficielles et pessimistes parce que les jeunes n’osent plus s’exprimer car ils ont de toute façon le sentiment de ne pas être entendus ? Au moins, avec nous, on se dit qu’ils arrivent à prendre la parole, c’est déjà une victoire en soi ». Tout comme l’an dernier, les thèmes récurrents des vidéos sélectionnées sont la drogue, la fête, l’alcool et autres délires régulièrement associées à la jeunesse. Très fière de son festival (et de sa génération), Camille Mercier regrette que ces clichés soient aussi présents : « Forcément, on se dit un peu ‘Mon Dieu, mais c’est quoi cette génération ? On ne pense qu’à la fête, la drogue, l’alcool… C’est un peu frustrant parce que c’est ce que les médias évoquent sans arrêt pour parler de nous mais ça doit souligner quelque chose de réel, au fond ». Preuve de son discours, une étude Ipsos révélait le mois dernier qu’un jeune sur cinq serait adepte de conduites à risques, qu’il s’agisse d’alcool, de drogues ou autre.

Après avoir réussi à récolter 103 vidéos sur le thème de la Génération Y vue par la Génération Y l’an passé, le festival a vu 110 courts-métrages concourir pour cette nouvelle édition. Parmi le jury de cette édition, qui a dû conserver 10 courts-métrages seulement pour la sélection finale, on retrouve entre autres Emmanuelle Duez, cofondatrice de l’association WoMen’Up, Léa Frédeval, auteure du livre Les Affamés, ou encore Éric Briones, directeur du planning stratégique chez Publicis EtNous et auteur d’un ouvrage sur le rapport de la génération Y au luxe, que nous vous avions déjà décrypté. Trois prix seront ainsi décernés au cours de la cérémonie, after la tenue d’un aftershow : un par le jury, un par le public et un par les internautes. Verdict dans quelques heures ! Si l’on ignore encore si Camille Mercier continuera à faire partie de cette belle aventure, le réseau GES a en tout cas prévu de continuer à donner la parole aux jeunes, avec une troisième édition d’ores et déjà attendue !