Emploi : Pourquoi les Millennials désertent-ils les banques ? Un jeune donne sa réponse

Par Céline Pastezeur - Publié le 06 Mar 2017 à 11:33
Pas toujours facile de comprendre ce qu'attend la jeune génération de sa vie professionnelle. Aujourd'hui, Pierre-Marin Campenon, en charge des relations investisseurs dans une startup, explique pourquoi les jeunes comme lui se tournent plus vers des startups que des banques pour construire leur carrière.

Génération Y ou génération Z, pas le même profil, pas les mêmes attentes et donc pas les mêmes trajectoires de vie ! Il y a quelques semaines, une étude signée Facebook et Roland Berger s’intéressait à la manière dont il est possible d’engager les Millennials auprès des banques et assurances, en misant notamment sur le mobile, la réactivité et l’omnicanal. Mais, finalement, quoi de mieux que la parole d’un jeune pour savoir ce qui déplaît aux moins de 35 ans dans la manière dont les banques tentent de les toucher aujourd’hui ? Alors qu’une étude signée Monster décryptait il y a quelques jours le rapport des Millennials au travail, aujourd’hui c’est Pierre-Marin Campenon, en charge des relations investisseurs chez Younited Credit et membre de la génération Y, qui donne son regard sur ce qui pousse les jeunes se détourner des banques. Non pas en tant que consommateurs, cette fois, mais en tant que jeunes diplômés préférant rejoindre une startup plutôt qu’un établissement bancaire pour y construire leur carrière.

Ainsi, à la question « Qu’est-ce qui pousse les jeunes diplômés de la génération Y à délaisser les prestigieux postes de banques d’affaires ou de cabinets de conseil en stratégie ? », sa réponse est simple : « Parce que tout est à faire justement ! C’est là à mon sens une caractéristique propre à cette génération : la nécessité de sentir l’impact de son action dans l’entreprise et dans la société au sens large. Les start-up ont le mérite de pouvoir répondre à cette double exigence : l’action de tout collaborateur a rapidement un impact dans la start-up en raison de la faible taille de la structure et l’action de la start-up a bien souvent un impact dans la société en raison de son positionnement, de sa volonté de bouger les lignes ou de réinventer une industrie ». Le jeune professionnel de poursuivre : « Diplômé d’une école de commerce, j’ai réalisé un stage en banque d’affaires en raison des multiples avantages que je voyais dans cette expérience : une forte courbe d’apprentissage, de nombreux défis, la découverte d’une industrie prestigieuse avec de forts challenges intellectuels, une ligne valorisée sur le CV. Pourtant, si cette expérience fut une réussite, j’ai compris que d’autres structures pourraient me proposer des défis plus concrets, avec visibilité plus forte sur l’impact de mes efforts. Fasciné comme beaucoup par les « success stories » de nombreuses start-up (qui n’a pas rêvé de rencontrer Steve Jobs lorsqu’il bricolait le premier Mac dans son garage et lui proposer un coup de main ?), j’ai compris que mon avenir se dessinerait dans l’aventure entrepreneuriale. Ayant consacré mon mémoire de fin d’étude au financement participatif, c’est sans surprise que je me suis orienté sur le secteur pour mes recherches. Cette industrie naissante m’a tout de suite séduit pour son ambition de vouloir dépoussiérer le traditionnel secteur bancaire aux codes bien établis ». C’est alors qu’il a rejoint l’aventure Younited Credit, une plateforme fondée en 2011 spécialisée dans les crédits aux particuliers. La startup est une des plus grosses FinTech européennes, en comptant près de 150 employés, avec une présence en France, Italie et Espagne, et 63M€ de fonds levés.

« Younited Crédit (qui s’appelait alors Prêt d’Union) m’a convaincu par son positionnement, la qualité de l’équipe dirigeante, son ambition et, il faut bien le dire, parce que tous les canons de la start-up sont remplis : babyfoot, pistolets à fléchettes, soirées FIFA, mini-golf et trottinettes dans l’open-space, tout y est ! Aujourd’hui en charge de l’activité investisseur de la plateforme, j’ai la chance d’être exposé à de nombreuses problématiques transversales. En effet, si ma « job description » énumère une liste de tâches, je n’y consacre en réalité que 50% de mon temps – le reste étant consacré à participer au développement de l’entreprise : task force et projets divers inter-équipes, lancements de partenariats et prises d’initiative diverses. Je cite par exemple un partenariat lancé l’année dernière avec une start-up allemande « Raisin », qui nous permet de distribuer des produits financiers, tout en contribuant à développer cet écosystème de start-up en finance (les « Fintech ») auxquels nous croyons tant ! Si dépasser le périmètre de son poste est une opportunité unique pour les salariés désireux de s’engager sur plusieurs fronts, il s’agit également d’un enjeu vital pour la start-up, qui attend de chacun une implication et un esprit d’entrepreneur de la part de chacun de ses membres, faute de quoi impossible de déplacer des montagnes ! Cette formidable liberté est le fruit d’une confiance forte des dirigeants pour les plus impliqués mais s’accompagne aussi d’une exigence importante : il ne faut pas ménager ses efforts. La start-up n’est pas dans la situation confortable d’une entreprise bien établie : pression des actionnaires, exigence de résultats, pertinence du modèle à valider… Car ne nous le cachons pas, le monde de la start-up n’est pas tout rose, c’est une prise de risque d’y travailler et le quotidien a comme partout son lot de frustrations. Pourtant la prise de risque est à mon sens une vraie richesse dans son développement personnel et l’apanage du jeune diplômé ! Je suis ainsi convaincu que la start-up constitue un espace privilégié pour ceux qui, comme moi, ont ce besoin de voir le fruit de leurs efforts, d’être rapidement exposé à des responsabilités et d’évoluer dans cet univers stimulant où… tout est à faire ! »