Forum d’Avignon : « On rentre aujourd’hui dans l’ère de la grande optimisation grâce aux données » (REPORTAGE)

Il y a tout juste une semaine, la rédaction d’Air of melty se rendait au Forum d’Avignon pour une journée de conférences abordant l’enjeu des mégadonnées dans le secteur de la culture. Au programme, des débats entre des acteurs internationaux de la culture, des industries de la création, de l’économie et des médias confrontant leurs point de vue sur l’exploitation et l’avenir des données personnelles. Si la journée semble impossible à résumer tant elle a été riche en informations, il convient toutefois de parler de quelques moments forts, notamment l’ouverture du forum par la Ministre de la Communication et de la Culture Fleur Pellerin, qui a directement donné le ton en souhaitant « placer la journée sous le signe de la citoyenneté ». Elle a aussi expliqué que, dans les prochains mois et les prochaines années, la politique évoluerait « pour trouver un équilibre entre haut degré de protection si fondamentale en France et plus de possibilités pour les acteurs économiques » cherchant à exploiter la Big Data. De son côté, Nicolas Seydoux, Président du Forum d’Avignon qui a pris la parole après la Ministre, a tenu à déclarer : « Nous sommes à la veille d’un pouvoir absolu, formidable pour la société, s’il est encadré ». C’est dit : éthique et cadre seront les mots-clés de la journée.

Et ces deux mots-clés reviendront en effet sans cesse tout au long de la journée. Comme l’explique très justement Cécile Portier, écrivain et poète menant la première session de la matinée, rythmée par l’intervention d’un scientifique, d’un ingénieur, d’un slam majestueux d’Abd Al Malik ou encore d’un tour de magie au message très fort, « les données nous font la promesse de pouvoir tout voir (…) mais il faut briser l’évidence selon laquelle toutes ces données sont données ». Et en cela, il faut bel et bien s’assurer de l’éthique avec lesquelles ces données sont exploitées, d’autant plus que ces données ont un rôle crucial, dans le sens où « les données personnelles définissent notre identité numérique comme nos génomes définissent notre identité biologique ». Et bien conscients de cela, bien des acteurs peuvent tenter de manipuler ces données à des fins peu charitables. C’est la leçon qu’apporte le magicien et mentaliste Yann Fisch, qui nous démontre avec talent que, à l’heure où la plupart des internautes pensent être libres et maîtres de leurs données, « c’est quand on donne un sentiment de liberté à quelqu’un qu’il devient le plus influençable, le plus manipulable ».

Cela étant dit, si les dangers de l’exploitation de la Big Data ont été mis à jour, avec notamment une intervention très intéressante de Caia Hagel au sujet des jeunes et du net et du Celebgate, ses avantages ont aussi été largement mis en avant. C’est bien simple, pour Pierre Bellanger, « depuis longtemps, notre écosystème reposait sur le gaspillage, alors qu’on rentre aujourd’hui dans l’ère de la grande optimisation » grâce aux données. « On remplace le gaspillage par de l’information ». La session de l’après-midi à laquelle nous avons assisté à davantage mis en avant l’importance de cadrer l’usage de la Big Data, avec les notions de confiance du consommateur et de transparence répétées à plusieurs reprises comme étant cruciales. Cette journée déjà bien intense s’est ensuite terminée avec une mise en pratique, en quelque sorte, de toutes les remarques de la journée : le Forum d’Avignon a proposé une Déclaration préliminaire des Droits de l’Homme Numérique, rédigée en cinq langues et composée de huit articles. Une déclaration qui ne signe que le début d’une belle aventure, et qui est à découvrir par ici ! La veille de l’événement, Laure Kaltenbach, Directrice Générale du Forum d’Avignon, nous avait révélé sa volonté de transformer le futur des données personnelles, sujet technique, en un sujet éthique. Elle peut être rassurée, l’éthique a fait partie du discours de tous les participants à la journée, ou presque !