La génération Twee, décryptage d’une génération (trop ?) douce et gentille

Par Céline Pastezeur - Publié le 25 Oct 2014 à 07:52
La génération Twee au pouvoir ?
A l’heure où l’on parle volontiers d’une génération Y désabusée et blasée, une tendance tend à montrer la jeunesse sous la lumière des paillettes, des licornes et des arcs en ciel. Découvrez tout de suite la génération Twee, bien moins innocente qu’elle ne le semble à première vue !

Nice Génération, génération Nowners qui préfère la location à la propriété, génération chochotte selon l’auteur Bret Easton Ellis, la génération Y est largement traitée de tous les noms, comme Air of melty vous en parle régulièrement. Ces différents noms et ces différentes tendances mises en lumière ont pour vocation de montrer à quel point la génération Y est différente de ses aînés, dans de nombreux domaines allant du rapport à la publicité, à la culture ou à l’état d’esprit revendiqué. Et bien, qu’on se le dise, ça n’est pas près de s’arrêter, cette énumération de générations en tout genre ! D’ailleurs, depuis quelques mois, les membres de la génération Twee se multiplient à vue d’œil. Génération Twee, c’est quoi ? Pas de panique si vous ne savez pas, c’est encore le cas de 80% des Français à l’heure actuelle. De toute façon, la réponse, c’est tout de suite !

La tendance Twee (qui n’a aucun rapport avec la génération Tweet) vient de la contraction du mot « sweet », qui désigne une personne douce, comme cet adjectif l’indique, qui aime, par exemple, les vidéos et les gifs de chatons en tout genre, Hello Kitty de manière générale, les licornes, les arcs en ciel et globalement tout ce qui est coloré. Et comme tout ne passe pas par la décoration ou Internet, les adeptes de la tendance Twee adorent également les cupcakes, la confiture maison et toutes les bonnes choses saines. Les experts s’accordent sur le fait que si ces jeunes aux références enfantines et au goût très prononcé pour le home-made semblent à première vue un brin superficiel et naïfs, voire immatures, ils sont en fait très conscients de leur attitude. Ils font juste exprès de rester le plus innocent possible, en positivant la vie en permanence malgré le contexte pesant. A l’heure où l’on parle d’une génération désabusée, ils veulent se montrer doux et gentils.

Olivier Servais, anthropologue de la jeunesse à l’UCL interrogé par le journal Le Soir, explique que, selon lui, la génération Twee révolutionne les valeurs de la société. « Le mouvement Twee, c’est un peu dire ‘oui, un monde de bisounours est possible !’, en réaction à la cruauté de la vie. Il y a chez certains jeunes une volonté de se réfugier dans un cocon mais avec les Twee, ce cocon devrait s’étendre à la société ; une société où on se voile la face, ce qui revient à nier les inégalités sociales, l’altérité ». Et le chercheur de pousser encore un peu plus loin sa réflexion : « Or, une société qui ne veut pas voir les inégalités est une société superficielle, et nécessairement sans politique. Je pense que ça ne peut pas exister. Mais je m’interroge : ce mouvement Twee n’est-il pas le symptôme d’une société où chacun consomme dans son coin, sans se préoccuper du reste ? Le symptôme d’une société sans projet collectif ? » On vous avait prévenu, la tendance Twee n’est pas aussi innocente qu’elle n’y parait !