My Major Company : « Le Do It Yourself est indéniablement une caractéristique forte de la génération Y » (EXCLU)

Par Céline Pastezeur - Publié le 23 Juil 2014 à 16:34
Michaël Goldman estime que le DIY fait partie intégrante de la génération Y.
Passé au West Web Festival la semaine passée pour parler du succès de My Major Company et du financement participatif en France (qui a permis de récolter pas moins de 78 millions d’euros en 2013), Michaël Goldman a accepté de se confier à Air of melty sur le rapport des jeunes au crowdfunding. De l’influence des YouTubeurs à l’impatience et à la détermination des jeunes, sans oublier le contexte économique, tous les sujets sont évoqués !

La semaine dernière, la rédaction d’Air of melty a pris la route de l’ouest pour assister au West Web Festival, le festival de startups qui se déroulait en marge des Vieilles Charrues 2014. Ces deux jours de conférence, dont nous vous ferons très prochainement le compte-rendu, ont été riches en informations et en réflexion autour du numérique. Parmi les invités présents lors de ce festival unique en son genre, on notera la venue de Michaël Goldman, venu parler de sa plateforme de crowdfunding My Major Company et du financement participatif en général. Un financement participatif en vogue grâce à la forte tendance du Do It Yourself, sur laquelle les marques tentent désormais de miser dans leurs campagnes de communication. Or, Pour Michaël Goldman, qui s’est confié à nous, « le Do It Yourself est incontestablement une caractéristique forte de la génération Y. Les jeunes ont été élevés dans ce bain-là. Ils ont de l’ambition et sont aussi très impatients, ce qui est à la fois une qualité et un inconvénient. En tout cas, l’une des qualités de cette impatience, c’est qu’ils ont très vite envie de s’essayer aux choses et quand ils ont du talent, ça se voit très vite aussi. En cela, le Do It Yourself permet à des jeunes d’exploser de chez eux sans avoir à suivre tous les chemins traditionnels qui sont parfois très longs et qui font perdre beaucoup de temps ».

C’est pour permettre l’essor de ces nouveaux talents que l’équipe de My Major Company a lancé sa plateforme de crowdfunding en 2007, avec un succès qui n’est aujourd’hui plus à prouver, notamment auprès des jeunes. Mais quant à savoir si ce succès est lié à un changement d’état d’esprit chez la génération Y ou plutôt à une nécessité au vue du contexte économique, Michaël Goldman estime que les deux sont liés : « Il y a beaucoup de jeunes qui ont envie d’essayer des choses sans passer par des chemins traditionnels, jugés trop longs et trop fermés. Ils veulent avancer et créer leurs projets sans avoir à attendre. Mais ça répond aussi à un état de crise, c’est toujours plus compliqué pour les jeunes d’aujourd’hui de mener un projet parce qu’il est difficile de trouver de l’argent, de trouver un job. Le financement participatif s’appuie sur tout ça pour exister, c’est devenu une réponse à ces contraintes ».

Une réponse à des contraintes certes, mais surtout une réponse aux rêves artistiques des jeunes. Le fondateur de la plateforme de crowdfunding explique en effet que « les jeunes se lancent surtout dans des projets d’ordre culturel. Ils ont déjà une petite communauté qui les suit et ils n’ont pas envie d’attendre de se faire repérer par des maisons de disques, des majors. C’est surtout dans la musique et la vidéo que les jeunes sont porteurs de projets », témoignant alors de toute leur créativité. A l’inverse, en tant qu’internautes contributeurs, « c’est très souvent vers les projets geeks qu’ils se tournent », avec des projets de financement pouvant grimper jusqu’à 110 000 euros. « Ça s’adresse à des niches dans lesquelles les jeunes sont hyper pro-actifs alors qu’ils n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent dans le marché traditionnel. Grâce au financement participatif, les jeunes peuvent participer à des projets qui leur ressemblent », explique ainsi Michaël Goldman.

Et justement, parmi les projets qui ressemblent particulièrement aux jeunes, on retrouve la création sur Internet. C’est dans ce sens que, en décembre dernier, l’équipe de My Major Company a lancé une nouvelle plateforme, baptisée Tipeee et orientée autour du pourboire laissé sur Internet par une communauté cherchant à soutenir un créateur de contenu du web, en continu. Pour ses créateurs, une telle plateforme semblait s’imposer à l’heure actuelle : « Je ne sais pas si Tipeee représente l’avenir du financement participatif, mais ça représente en tout cas une nouvelle forme de financement participatif moderne et originale et très adaptée aux créateurs du web qui, malheureusement, dans le financement participatif traditionnel, n’avaient pas forcément les outils nécessaires pour collecter auprès de leur communauté », analyse Michaël Goldman.

Une telle évolution du financement participatif semble notamment ultra pertinente, au moment où les YouTubeurs, Cyprien et Norman en tête, parmi d’autres, sont devenus les nouvelles idoles des jeunes. Un phénomène que le fondateur de My Major Company et Tipeee confirme : « Ce sont aujourd’hui des référents et des lanceurs de tendance. On est vraiment dans le DIY pur et pourtant ce sont eux qui sont aujourd’hui les plus consommés parmi les jeunes. Il n’y a plus vraiment d’instance, de filtre entre les créateurs et le public. Ça offre une liberté créative qui est formidable. Tipeee sert notamment à pouvoir doper cette liberté créative et à faire en sorte qu’elle ne soit pas bridée ». En huit mois, la plateforme a permis à 216 créateurs de récolter 75 000 euros, avec un chiffre qui devrait atteindre les 200 000 euros d’ici la fin de l’année.