Nouvelle Star 2015 : « Le défi de cette saison ? Ne pas lasser le téléspectateur avec le concours musical de trop » (EXCLU)

Il y a deux semaines, Air of melty faisait le bilan des audiences de Rising Star, ni tout top ni tout flop. Si le programme était une grande première en matière de télé-crochet, un autre programme déjà bien connu des téléspectateurs français revient ce soir : Nouvelle Star 2015, sur D8. L’occasion pour Julien Bichon, rédacteur en chef de Socialtv.fr , de nous livrer son point de vue d’expert sur l’émission, en abordant la stratégie de communication mise en place par D8 tout autant que le défi majeur qui attend la chaîne, sans oublier les leçons à retenir de Rising Star en matière de Social TV. La Nouvelle Star mise-t-elle sur le bon cocktail ? Réponse par ici !

Ce jeudi, la Nouvelle Star reprend, avec une promotion déjà bien lancée et principalement axée autour du nouveau jury et de BenjaminCastaldi. Le mot d’ordre est que cette nouvelle saison sera différente des autres. Cette communication est-elle pertinente, et efficace, selon vous ?

Je pense que oui. Il y a une multiplication des télé-crochets en France, ce qui peut amener une confusion d’abord, et une lassitude, ensuite, pour les téléspectateurs. Nouvelle Star est une marque forte et ancrée dans le paysage audiovisuel depuis plus de 10 ans. Elle jouit d’une grande notoriété mais doit bien entendu continuer à se démarquer des autres formats. On observe cette saison un retour aux fondamentaux, avec Benjamin Castaldi, l’animateur historique de l’émission, et un retour aux belles voix qui ont fait le succès de l’émission : Julien Doré, Christophe Willem mais aussi Amel Bent. Quant à André Manoukian, présent depuis la première saison, il incarne véritablement le programme. Plutôt que de parler de différence, je pense que le mot d’ordre est celui de renouvellement. L’arrivée de Yarol Poupaud et d’Elodie Frégé apporte un nouveau souffle à l’émission. Autre nouveauté, les candidats auront le droit de s’accompagner de leurs instruments de musique. De belles surprises à venir, donc.

L’émission a-t-elle prévu un dispositif social spécial pour favoriser les interactions entre les téléspectateurs et l’émission ?

Nouvelle Star met un point d’honneur à s’adapter aux évolutions de la télévision et l’interactivité en fait partie. Lors de la diffusion des auditions, dès ce soir, le téléspectateur aura la possibilité de répondre aux sondages interactifs et pourra donner son avis sur la prestation des candidats. Bien sûr, nous pourrons également interagir sur les réseaux sociaux. Enfin, Laure Falesse sera l’ambassadrice des téléspectateurs et nous donnera accès aux coulisses de l’émission dans un mini-format web.

Entre The Voice, Rising Star qui vient tout juste de se terminer, et la Nouvelle Star, ne peut-on pas redouter que la jeune génération, qui a grandi devant la Star Academy, se mette à penser que trop de télé-crochet tue le télé-crochet ?

La jeune génération a aussi grandi devant Nouvelle star puisque le programme a été lancé en 2003. Par ailleurs, à la différence de Star Academy qui mélange le concours de chant et la télé-réalité, l’essence de Nouvelle Star réside vraiment sur le concours de chant en tant que tel. Même si le storytelling est présent, on ne rentre pas dans l’intimité des candidats. On apprend à les connaître et on suit leurs évolutions au fil des primes. Concernant Rising Star, ce sont finalement les ménagères qui étaient au rendez-vous et l’enjeu était différent. Rising Star était un format inconnu en France tandis que Nouvelle Star est un programme célèbre avec une partie de public déjà acquise. Le défi de cette saison est de ne pas lasser le téléspectateur avec le concours musical de trop. On peut compter sur le nouveau jury, le dispositif interactif et le talent des candidats pour rassembler les jeunes autour de l’émission. Benjamin Castaldi est aussi un atout majeur pour attirer les jeunes puisqu’il a une forte communauté sociale et a présenté Secret story pendant des années, un programme suivi avec grand intérêt par les jeunes. Il est probable que les fans de l’animateur le suivent dans cette nouvelle aventure.

Quelle est l’ambition de Nouvelle Star en rendant les SMS des votes gratuits ? Est-ce une manière d’ancrer davantage le programme dans une logique de second écran ?

La chaine n’a pas encore confirmé son dispositif de vote à partir des primes et communiquera courant décembre mais il est certain que l’attente est forte sur le vote gratuit.

Pour expliquer l’ « échec » de Rising Star, votre collègue nous disait récemment qu’un programme ne devait pas reposer uniquement sur le concept de Social TV mais s’en servir comme d’un enrichissement. Selon vous, en cela, Nouvelle Star a-t-il le bon état d’esprit ?

Bien entendu. Comme je l’ai dit, Nouvelle Star n’est pas un petit nouveau dans le paysage audiovisuel. L’émission a révélé des talents comme Julien Doré, Amel Bent, Christophe Willem ou encore Sophie-Tith. Il s’agit donc d’un programme qui fonctionne. La mécanique est rodée depuis des années et la force du format réside dans sa capacité à évoluer de manière intelligente aux mutations de la télévision. Plutôt que de reposer uniquement sur de l’interactivité poussée à l’extrême comme dans Rising Star, l’émission évolue au fur et à mesure pour proposer des innovations en phase avec les évolutions des usages en France. Il est clair que proposer un format entièrement interactif segmente le public potentiel et réduit considérablement l’audience qui peut se sentir exclue. En proposant l’année dernière, aux internautes, sur les directs d’attribuer une couleur sur la prestation des candidats avec le hashtag NSrouge ou NSbleu, l’émission a offert la possibilité à ceux qui le souhaitaient d’impacter directement dans le programme. La couleur du public était dévoilée à l’antenne mais ceux qui ne souhaitaient pas interagir ne se sont pas sentis exclus pour autant. La force de Nouvelle Star est d’avoir su doser le degré d’interactivité pour pouvoir également contenter les 68% des téléspectateurs qui souhaitent regarder un programme de manière passive. La pratique de second écran n’est pas encore démocratisée en France. J’entends par là, un second écran lié au contenu de l’antenne. C’est pourquoi, ne pas se focaliser uniquement sur l’expérience interactive fait de Nouvelle Star un programme populaire.

Quelle(s) leçon(s) devrait retenir Nouvelle Star de la déception associée à Rising Star ?

Encore une fois, on ne peut pas comparer les deux. Rising Star est un nouvel entrant tandis que Nouvelle Star est un format à succès depuis plusieurs années. Nouvelle Star doit trouver l’équilibre entre le format populaire du concours de chant et les évolutions de la télévision. Pour l’instant, c’est le cas puisque chacun y trouve son compte. On peut regarder le programme de manière tout à fait passive en appréciant le spectacle. Ou on peut aussi, si on le souhaite, interagir avec l’émission et donner son avis sur la prestation des candidats. Personne n’est exclu.

Enfin, quelle est, selon vous, la force de l’émission de D8 par rapport aux autres télé-crochets du moment ? Et sa faiblesse ?

Toutes les nouveautés de cette année sont une force pour le programme. Il y a à la fois, un animateur historique, un jury composé de musiciens qui permet de centrer l’émission sur le chant et la musique, et un dispositif social adapté. En revanche, la multiplication des télé-crochets peut être un poids. On vient juste de finir avec Rising Star et dans quelques mois il y aura The Voice. Si Nouvelle Star s’est forgée sa place au fil des années, le défi est de la conserver. L’autre faiblesse est peut-être que les talents révélés lors des deux dernières saisons ont été moins marquants que les Julien Doré et Amel Bent d’autrefois. Sur ce point, nous ne sommes pas à l’abri d’une surprise, puisque voix et émotions seront au rendez-vous cette année. Dès le premier épisode, ce soir à 20h50, certains candidats feront d’ailleurs frissonner le jury. Je vous invite donc à suivre la première étape des auditions dès ce soir sur D8 !