Secret, Whisper, Yik Yak : Le phénomène des réseaux sociaux anonymes décrypté

Par Céline Pastezeur - Publié le 01 Mai 2014 à 06:37
Les jeunes aiment pouvoir s’exprimer en toute liberté sur ces applications.
Ces derniers mois, l’application de partage de photos éphémères Snapchat a ouvert la voie à une nouvelle forme d’expression chez la jeune génération, qui peut se montrer plus spontanée et plus authentique sans risquer d’être jugée. Une tendance qui se prolonge sur un nouveau type de réseau social, les applications anonymes, pour le meilleur et pour le pire, comme vient de l'expérimenter un lycée américain.

Tout a commencé par un secret. L’application Secret, plus précisément. Ses créateurs, qui l’ont lancé en février dernier, le présentent comme un « bal masqué » entre amis. Un bal masqué qui connait un succès fulgurant auprès des adolescents américains, intrigués par l’aspect anonyme de leurs révélations au sein de leur communauté. Alors que l’on pensait que Facebook occupait le monopole du réseau social, avec plus d’1,2 milliard d’utilisateurs actifs mensuels et un leadership en termes d’audience dans pas moins de 39 pays sur les 44 analysés par ComScore en décembre 2013, il y a encore de la place pour de la concurrence visiblement ! Il y a quelques semaines déjà, Air of melty vous rapportait qu’Instagram s’imposait désormais comme l’application préférée des jeunes Américains, devant Facebook. D’autre part, les jeunes applications comme Snapchat, Whatsapp ou encore Tinder, s’affichent comme des concurrents potentiels. Désormais, il faudrait aussi compter sur la rivalité avec un nouveau type d’applications : les applications anonymes.

Ce nouveau type d’application semble s’imposer peu à peu auprès de la jeune génération avec notamment les services comme Secret, Whisper ou encore Yik Yak, lancé plus discrètement en novembre dernier, qui font un tonnerre dans les cours des lycées américains. Leur point commun, qui constitue également leur originalité, c’est que ces applications permettent à leurs utilisateurs de s’exprimer et de communiquer entre eux sans donner d’informations sur leur identité, tout en restant dans leur communauté d’amis puisque les bases de données reposent sur le répertoire téléphonique de l’utilisateur. Ces nouveaux réseaux sociaux sont basés sur l’échange de messages, de photos et de statuts, visibles par tous les contacts ayant eux aussi installé l’application, sans qu’il y ait pour autant le moyen de savoir qui partage quoi.

En févier dernier, les co-fondateurs de l’application Secret, Mark Byttow et Chrys Bader, des anciens de Google et Square, s’étaient confiés à Techcrunch.com pour expliquer leur concept : « Secret, c’est comme un bal masqué. Vous savez qui est sur la liste des invités, mais vous ne savez pas qui dit quoi. Nous avons conçu Secret pour ceux qui veulent être eux-mêmes et partager leurs pensées ou leurs sentiments avec leurs amis sans être jugés ». En effet, ces applications anonymes surfent sur une volonté majeure qui préoccupe fortement les jeunes depuis la révolution portée par le contenu éphémère de Snapchat : avoir la possibilité de détacher le post de son auteur, dans le temps comme dans la dénomination, en vue de regagner la spontanéité et l’authenticité perdues sur les réseaux sociaux traditionnels. Problème, authenticité semble rimer avec méchanceté, au vue des premières dérives de ces applications. En effet, si Air of melty vous parle de ce phénomène aujourd’hui, c’est parce que l’application Yik Yak a été le point de départ d’une véritable vague de violence dans un lycée américain cette semaine, comme le raconte le New York Mag. Comme quoi, l’anonymat ne protège pas de tout, bien au contraire…