YouTube : Aurélie Filippetti embarrasse la plateforme de vidéos et son projet de streaming musical

Par Céline Pastezeur - Publié le 22 Juin 2014 à 22:07
Aurélie Filippetti passe à l’attaque !
Jeudi dernier, YouTube a enfin fait l’annonce que tout le monde attendait, après des mois de rumeurs : un service de streaming musical est bel et bien en préparation, pour un lancement à la rentrée prochaine. Si cette nouvelle a de quoi tirer le site vers le haut auprès des 15-30 ans, fans de YouTube autant que de musique, elle le tire aussi vers le bas auprès de la ministre de la Culture et de la Communication, qui reproche à la plateforme de mener une politique de chantage.

Jeudi dernier, Air of melty vous a annoncé que YouTube lancerait son service de streaming musical à la rentrée. La plateforme de vidéos en ligne, qui est l’un des sites internet préférés des moins de 30 ans, occupés pendant près de 5 heures par mois à visionner des vidéos sur le net, se lance dans la course au streaming musical, LE secteur en force du moment. Bien d’autres s’y sont lancés avant elle, comme Deezer, Pandora, Spotify, La Fnac ou encore Amazon très récemment. Alors que la forte concurrence entre les différents acteurs du marché aurait de quoi en inquiéter plus d’un, Simon Baldeyrou, DG de Deezer France, nous avait expliqué qu’il considère à l’inverse que « toute cette concurrence ne peut que permettre au marché du streaming de grandir ». Oui mais voilà, pour le moment, l’annonce faite par YouTube tire plutôt la plateforme vers le bas. En cause, une polémique liée aux contrats établis par YouTube avec les labels.

Le 17 juin dernier, via un communiqué, la firme a annoncé avoir signé des partenariats avec des « centaines de grands labels et labels indépendants » et prévoit donc d’exclure de son site ceux qui ne font pas partie de ces accords. Dans un communiqué, la ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti a ainsi jugé « très préoccupante » l’attitude de YouTube qui, selon elle, se servant de sa « position dominante » en tant que diffuseur de musique sur Internet, « menacerait d’éliminer de sa plateforme le répertoire musical et notamment les vidéos musicales de tous les labels refusant ses conditions contractuelles et financières ». Elle regrette l’existence d’une forme de « chantage », qu’elle considère comme « une menace pour la diversité musicale et pour le développement de nouveaux talents auxquels contribuent largement les labels indépendants » et qui pourrait aussi « conduire à priver le public d’une partie de l’offre légale musicale ». Elle a ainsi annoncé qu’elle portera prochainement un projet de loi proposant des mesures « visant à améliorer les relations entre les éditeurs de service de musique en ligne et les producteurs phonographique, afin d’assurer une diversité d’offre sur le marché et également une diversité musicale au sein de ces offres ».

Selon une étude Ipsos, les moins de 25 ans écouteraient pas moins de deux heures de musique par jour en moyenne. Une écoute qui se fait de plus en plus sur le net et sur le mobile, via des sites de streaming, puisque les jeunes privilégient de plus en plus l’accès illimité à des catalogues plutôt que la propriété. Ainsi, en se lançant sur le marché du streaming, YouTube répond une nouvelle fois aux attentes des jeunes internautes…ainsi qu’aux attentes des annonceurs. « Nous ajoutons un service de musique par abonnement sur YouTube avec cette idée en tête : fournir à nos partenaires dans la musique de nouvelles sources de revenus en plus des centaines de millions de dollars que YouTube leur génère déjà chaque année », a ainsi déclaré Youtube dans son communiqué.