Dim Sum Entertainment, « Les marques peuvent aujourd’hui devenir leur propre média » (EXCLU)

Par Céline Pastezeur - Publié le 30 Avr 2015 à 09:50
Dim Sum Entertainment se développe !
L'humour sur Internet, c'est une tendance qui plait indéniablement aux jeunes...et aux marques aujourd'hui ! A l'heure où Norman, Cyprien, Andy Raconte & co sont devenus les nouveaux ambassadeurs de choix des marques visant les moins de 30 ans, Thomas Plessis, co-fondateur et CEO de Dim Sum Entertainment, nous explique comment le mélange Internet, LOL, marques et jeunes a tout pour créer un cocktail détonant !

Souvenez-vous, il y a quelques mois, la rédaction d’Air of melty vous annonçait que Dailymotion donnait la priorité à la publicité et à l’humour avec la Dim Sum Academy, un tremplin de jeunes talents axé sur l’humour. On le sait, l’humour et les jeunes, c’est un duo qui fonctionne bien, très bien même, depuis toujours et encore plus aujourd’hui, à l’heure où les jeunes passent plus de 22 heures par semaine à regarder des vidéos en ligne. Aujourd’hui, Thomas Plessis, co-fondateur et CEO de Dim Sum Entertainment, nous montre comment humour et vidéos peuvent séduire, non seulement les jeunes, mais aussi les marques. Interview exclusive à découvrir tout de suite.

-Comment est née l’idée de Dim Sum Entertainment ? Est-ce le constat d’un manque dans le paysage actuel ?

C’est effectivement parti d’un constat fait avec Fred Testot et Ahmed Hamidi, des amis de longue date. Quand on a commencé à la radio en 1995, on s’est rendu compte qu’on ne pouvait compter que sur nous-mêmes. On a évolué au fil de belles rencontres, qui nous ont permis d’avancer et de faire ce qu’on a pu faire jusqu’ici. On s’est alors demandé de quelle manière on pourrait, de notre côté, aider des talents à mettre le pied à l’étrier. L’idée de talents network nous est alors venue assez rapidement, une idée qu’on a formatée autour de la Dim Sum Academy. On a voulu créer un collectif qui reste ouvert, qui évolue sans arrêt. On veut être à la base de la découverte de talents pour pouvoir les aider et surtout les suivre. On se concentre sur le développement plutôt que sur l’acquisition de talents. Dailymotion nous a suivi pour le lancement, et puis on a rapidement eu l’idée de développer une activité de MCN, Multi Channel Network. On crée donc un certain nombre de chaînes autour de notre projet, à travers Dim Sum Entertainment, qui est la société qui gère tout ça.

-Côté contenus, que proposez-vous ?

En termes de contenus, on se concentre sur l’entertainment au sens large et, en particulier, sur l’humour avec notre chaîne principale, Dim Sum Academy, que l’on propose pour le moment en exclusivité sur Dailymotion. Notre offre principale, c’est avant tout l’humour, car c’est ce qui nous caractérise et nous définit le plus. A côté de cela, on a développé un certain nombre de petites chaînes satellites dans le cadre du développement de notre Multi Channel Network.

-Quelle importance a l’humour dans la vie des moins de 30 ans ?

Les 15-30 ans constituent une génération qui reste ultra-optimiste malgré un environnement plutôt défavorable. Quand on voit les actualités, on se dit que c’est compliqué de penser « on va y arriver ». Et pourtant, les moins de 30 ans y vont ! Les jeunes avancent avec beaucoup de réalisme et beaucoup de détachement. C’est en cela que l’humour occupe une place importante dans leur vie puisque, avoir du détachement par rapport aux choses du quotidien, c’est aussi en rigoler, parfois. Avant, l’humour était plus un exutoire, comme un combat de boxe pour se défouler ou une manière d’exorciser les situations dans lesquelles on pouvait se retrouver.

-Et quelle importance occupe la vidéo, à l’heure où les jeunes ont tendance à privilégier le content-snacking ?

Tout comme l’humour, selon moi, la vidéo est une tendance transgénérationnelle. Mais c’est vrai qu’il y a eu un changement d’usage. La différence entre les jeunes et les moins jeunes, c’est que, aujourd’hui, pour regarder des contenus, les plus jeunes vont directement sur le mobile, sur la tablette ou sur le PC, quand leurs aînés étaient postés devant la télévision. Quant au content-snacking, on peut dire qu’il est lié à deux raisons : une question d’usage, liée à l’essor du mobile et une question d’offre, tellement grande aujourd’hui que l’on va plutôt aller sur des formats courts car on va en consommer énormément.

-Votre modèle économique inclut du brand content. Dans quelle mesure ?

Notre offre brand content a été lancée en début d’année, donc c’est très récent. On travaille actuellement sur un certain nombre de programmes qui seront diffusés au cours du mois de juin. Cette offre occupe en tout cas une place essentielle dans notre modèle dans le sens où, comme toute société, il faut pouvoir gagner un peu d’argent pour pouvoir continuer à produire des contenus sur nos chaînes. A côté de cela, on se développe également en matière de production exécutive, où on apporte notre savoir-faire de producteurs de contenus, notamment auprès du groupe Figaro Médias avec Digital Business News.

-Comment peut-on travailler intelligemment avec les marques pour séduire la jeune génération aujourd’hui ? Quelles valeurs et qualités doivent présenter les marques qui veulent travailler avec vous ?

A l’heure où nous sommes ultra-connectés et profitons de possibilités infinies pour récupérer des informations, pour nous, le discours des marques est capital. Si une marque veut mener une communication efficace auprès des jeunes, il faut qu’elle « parle vrai ». Il faut qu’elle véhicule un discours sans mensonge, car les jeunes ne sont pas dupes. Nous sommes parfaitement prêts à refuser de collaborer avec des marques qui ne seraient pas dans notre état d’esprit. On ne fera jamais un placement de produit, par exemple, pour une marque qui ne serait pas en phase avec nos valeurs. Je suis convaincu que la jeune génération est d’ailleurs ultra-sensible à ce sujet. Elle n’a pas du tout envie d’être marquée à la culotte, elle n’a pas envie qu’on lui raconte des histoires, elle réclame des histoires vraies. La transparence et l’authenticité sont pour nous des valeurs vraiment importantes, on veut pouvoir assumer toutes nos vidéos.

-Au Hubday, où vous êtes intervenu, vous avez également parlé de la popularité des YouTubeurs, en disant que « avant, tout le monde voulait du Norman ou du Cyprien alors que, aujourd’hui, les marques sont plus dans une logique d’accompagnement, de découverte de talents ». Vous pouvez nous expliquer un peu plus votre pensée ?

Aujourd’hui, les marques ont, selon moi, la possibilité de développer leur propre média. Très peu de marques n’ont pas de page Facebook, de compte Twitter, voire une chaîne YouTube. Et comme pour tout média, il y a une notion d’exclusivité, qu’on avait oubliée pendant un moment. Norman, Cyprien et les autres ont beaucoup de talent mais on doit arrêter de se servir d’eux comme de porte-manteaux. Ils ne peuvent pas passer d’une marque à l’autre. Les premières marques qui ont travaillé avec eux ont réussi un joli coup mais, aujourd’hui, les marques doivent de nouveau miser sur la notion d’exclusivité. D’ailleurs, cette envie se ressent de plus en plus. Les marques qu’on rencontre au quotidien nous disent vouloir lancer des projets avec des talents pas forcément très connus, pour grandir avec eux et se sentir fières de leur évolution. L’envie de révéler, de faire émerger des talents est une envie de plus en plus forte au sein des marques. Il faut garder en tête qu’une marque doit savoir s’inviter dans le quotidien des consommateurs, en étant en phase avec leurs usages et en leur proposant quelque chose d’original.

-Vous êtes présent sur Internet, mais aussi sur mobile depuis janvier. A quel point cette présence sur mobile est capitale pour capter les jeunes ?

Le mobile est aujourd’hui au cœur de notre stratégie de développement. On s’est rendu compte qu’on était le seul Talents Network à avoir une application mobile en France. On entend tous les jours qu’il faut absolument avoir une application mobile et, pourtant, en France très peu de MCN en ont. Pour nous, ça semble être une évidence d’avoir une application mobile pour regarder des vidéos.

-Quel est votre objectif pour l’année 2015, tant symbolique que chiffré ?

Notre objectif principal, c’est de repérer de nouveaux talents et de continuer avec ceux que l’on a déjà découverts. Dans cette logique, on compte développer une quinzaine de chaînes avant la fin de l’année et, à la rentrée, on va faire en sorte de débarquer sur de nouvelles plateformes. Outre Dailymotion, avec qui on va continuer à travailler, on veut aller sur YouTube, Snapchat et Facebook, puisque je crois beaucoup au potentiel de la vidéo sur Facebook. Pour accompagner tout cela, nous sommes en train de discuter avec différents acteurs pour une éventuelle prise de participation minoritaire dans la société, qui nous aiderait à développer notre start-up. Une start-up qui génère déjà du chiffre d’affaires après six mois d’activité mais qui doit profiter de relais de croissance, tout en nous permettant de garder notre indépendance.