Festival des Conversations, « Les Millennials sont ceux qui maîtrisent les nouveaux espaces de conversations » (EXCLU)

Par Céline Pastezeur - Publié le 29 Mar 2018 à 11:32
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A l'occasion du Festival des conversations 2018, qui se tiendra les 11 et 16 avril prochains, Guillaume Villemot, fondateur de l'événement et auteur de "Osez les conversations", a accepté de répondre à nos questions pour vous aider à cerner les vraies conversations des jeunes au quotidien.

C’est indéniable, en cette année 2018, les Millennials sont connectés en ligne en permanence, ou presque. Mais que font-ils en ligne ? Entre autres choses, ils discutent, notamment sur Messenger comme l’a montré une récente étude. Ou, plutôt, ils conversent. C’est ce que nous explique aujourd’hui Guillaume Villemot, fondateur du Festival des conversations, dont la nouvelle édition se tiendra le mois prochain.

-Air of melty : Il s’agit déjà de la sixième édition du festival des conversations cette année. Qu’est-ce qui a changé dans nos conversations ces six dernières années ?

Guillaume Villemot, fondateur du Festival des Conversations : Beaucoup de choses ont changé, à commencer par les espaces de conversations. En effet, les nouvelles technologies nous ont permis d’avoir à notre disposition de nouveaux espaces de conversations. Et si au début nous avons subi ces nouveaux espaces portés par le digital, je constate que, depuis 2 ou 3 ans, nous réussissons mieux à utiliser ces espaces comme autant d’opportunités de conversation. Ce que je constate aussi depuis 6 ans c’est que les conversations qui étaient considérées comme désuètes sont de plus en plus présentes dans nos vies et sont reprises aussi bien par des consommateurs que aussi par des marques (le dernier film de Mc Do montre en effet que l’on peut créer de nouveaux moments de conversation chez eux grâce au service à la place).

-Air of melty : Cette nouvelle édition s’intéresse aux conversations polymorphes. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

G.V : Avec l’arrivée de ces nouvelles opportunités, les conversations prennent de plus en plus de nouvelles formes. Si, pendant plusieurs siècles, elles n’ont été que langagières, elles se mutent depuis ces dernières années en conversations écrites (WhatsApp), en conversations dessinées (les emoticons). Ce sont donc de toutes ces formes de conversations que nous allons parler et que nous allons illustrer durant le Festival de cette année. Ce sont aussi ces richesses de nouvelles formes de conversation qui font de ce genre quelque chose de toujours plus vivant et actuel.

-Air of melty : En quoi les jeunes sont-ils particulièrement concernés par ce genre de conversations ?

G.V : Parce que, aujourd’hui, ce sont eux qui maîtrisent les nouveaux espaces de conversations et ce sont eux qui inventent les nouvelles formes de conversations, les nouveaux langages des conversations (SMS) mais aussi le langage des BD qui sont des illustrations de ce que les conversations peuvent devenir. Ce sont enfin eux qui ont la capacité à inventer les nouvelles formes de conversations.

-Air of melty : Plus globalement, qu’est-ce qui caractérise aujourd’hui les conversations des jeunes de moins de 30 ans ?

G.V : Tout est sujet de point de départ des nouvelles conversations pour les plus jeunes. Savoir parler de ce qui fait les communautés comme les jeux vidéos, qui sont autant de raisons d’avoir envie d’entrer en contact avec d’autres qui partagent les mêmes passions, les mêmes éventuels sujets de conversations. Le digital pour ces plus jeunes est là où les conversations naissent mais ils font tout pour que les conversations réelles se créent par la suite, et cela assez rapidement. Quand nous avions à notre disposition les seules conversations orales (physiques ou par téléphone) ils ont désormais à leur disposition tous les écrans pour initier des conversations. Ils ont aussi bien pris en compte des outils tel que le mail, qui était autrefois totalement anti-conversationnel.

-Air of melty : Qu’est-ce qui différencie les jeunes de leurs aînés en matière de conversations ?

G.V : Les lieux de conversations et les espaces de conversation. Si nous sommes égaux dans nos besoins de conversation et dans les sujets de conversation, ils profitent tout de même d’une plus grande liberté dans les sujets, qui fait que les plus jeunes parlent plus facilement de tout. Mais, en revanche, il est essentiel, et ce quels que soient les sujets de conversations traités, de se mettre dans un état d’esprit de conversation, c’est à dire de prendre le temps d’une conversation et de se mettre dans une logique et une posture d’écoute du point de vue des autres. On peut ne pas être d’accord mais en revanche on devra toujours accepter d’entendre et de respecter le point de vue de l’autre. C’est ce qui différenciera la conversation du débat ou du bavardage.

-Air of melty : Si vous deviez donner trois conseils aux marques pour bien converser avec les jeunes, quels seraient-ils ?

G.V : D’abord, être transparent dans la façon de s’adresser aux jeunes, ensuite être crédible et enfin respecter les règles de bonne éducation d’une conversation comme pour les conversations entre individus.

-Air of melty : L’année 2018 est largement marquée par la vidéo. Peut-on imaginer que celle-ci va s’inviter toujours plus dans les conversations ?

G.V : Si les vidéos sont interactives, oui. Sinon nous restons dans un support où nous restons passifs et donc spectateur d’un moment, c’est à dire que ce n’est pas de la conversation mais du story telling.

-Air of melty : Comment voyez-vous les conversations évoluer ces prochains mois et ces prochaines années ? Toujours plus de recours aux réseaux sociaux, retours aux conversations dans le monde réel, etc…

G.V : J’imagine une meilleure intégration des conversations digitales pour donner naissance à plus de conversations physiques. Une ouverture de plus en plus importante des lieux de conversations dans les espaces publics. On voit qu’ils se démultiplient et qu’ils sont à la fois demandés par les citoyens et par les communes. Les sujets de conversations vont se mondialiser et l’usage de signes tels que les emoticons permettent de voir naître les réelles premières conversations mondiales. Là encore, ce sont les signes de la vigueur du re-nouveau des conversations.