Rock en Seine 2016 : François Missonnier, « Arrêtons de penser que les jeunes vont dans un festival pour voir des concerts et rien d’autre » (EXCLU)

Par Céline Pastezeur - Publié le 25 Août 2016 à 09:17
Rock en Seine est de retour avec une nouvelle édition toujours très rock !
Vous pensiez que la saison des festivals était terminée ? Erreur : Rock en Seine débarque ce week-end au Domaine national de St-Cloud, avec bien des arguments pour séduire la jeune génération. Dans l'interview de la semaine, François Missonnier, Directeur de Rock en Seine, nous parle justement du lien qui unit les jeunes au festival.

L’été, c’est la saison des festivals pour les jeunes. La rédaction d’Air of melty vous en a largement parlé en vous parlant notamment de l’innovation d’Heineken et Greenroom avec leur Check Point innovant dédié à retrouver ses amis en festival ou encore en vous présentant la campagne de Quick, s’invitant au plus près des jeunes festivaliers avec MyQuickN’ Fest. Vous pensiez que, en cette fin de mois d’août, les festivals étaient terminés ? Pas du tout ! Ce week-end, se déroulera le festival Rock En Seine, très attendu par des milliers de festivaliers. Et justement, parmi ces derniers, François Missonnier, Directeur de Rock en Seine, nous parle du lien qui unit les jeunes festivaliers au festival le plus rock (mais pas que) de France.

-Air of melty : De façon générale, que viennent rechercher les jeunes dans un festival aujourd’hui ? Est-ce que c’est simplement une histoire de musique en live ou il faut leur proposer bien plus que ça ?

François Missonnier, Directeur de Rock en Seine : Ils viennent principalement chercher des émotions, selon moi. Des émotions liées avant tout, bien évidemment, à celles qu’on ressent pendant un concert (énergie, danse, rire, sensibilité) et qui peuvent être très différentes en fonction du genre de musique programmé. Ensuite, il y a aussi les émotions liées au fait de partager l’événement à plusieurs, qu’il s’agisse d’une communauté de proches ou de nouvelles rencontres. Un festival, c’est aussi la possibilité de rencontrer des personnes qui nous ressemblent, sans qu’on s’en rende vraiment compte. A partir du moment où, sur un festival, on propose plus de 70 artistes qui représentent des esthétiques et des univers artistiques différents, ça fait un mélange au sein du public. On n’est pas qu’entre pairs, on crée une communauté beaucoup plus vaste. Et c’est extrêmement intéressant en matière de partage.

-Air of melty : On parle beaucoup du fait que les moins de 30 privilégient désormais les expériences aux biens. Est-ce que cela se ressent dans leur manière de vivre un festival ?

F.M : Rock en Seine n’est clairement pas un centre commercial donc les jeunes viennent forcément plus pour une expérience que pour des biens, c’est certain. Mais c’est effectivement la multiplication des expériences qui est mise en avant et je suis tout à fait d’accord avec votre approche, qui se remarque de plus en plus. Rock en Seine, c’est comme une petite ville qui réunit 40 000 personnes, avec des points d’informations, d’achat, des sanitaires, des bars et des restaurants, etc. Et puis il y a aussi beaucoup d’animations, qu’on a un peu été les premiers à proposer hors du champ musical et qui sont de deux natures : celles produites et réalisées par le festival lui-même (Rock Art, une exposition sur les arts graphiques; opérations autour du street art, animations autour de la danse cette année) et dont les festivaliers sont effectivement hyper friands; et celles proposées par nos partenaires. Il faut arrêter de penser que les jeunes vont dans un festival de rock pour voir des concerts de rock et rien d’autre. Ils sont bien hyper curieux de découvrir autre chose que les moments musicaux prévus !

-Air of melty : Côté communication, que proposez-vous pour attirer le public jeune sur le site de Rock en Seine, tant offline qu’online ?

F.M : De manière assez traditionnelle, notre plan de communication s’appuie sur des actions qu’on porte directement et celles qu’on porte avec notre trentaine de partenaires, que ce soit en relations presse ou en communication tous supports (affichage print, radio, TV, digital). Sachant que notre terrain de jeu est très clairement national voire international, avec plus de 10% de notre public (jeune) qui vient de l’étranger et 60% des festivaliers qui viennent de région parisienne, on se doit de prendre cela en considération quand on construit nos stratégies de communication. Notre première arme de dialogue et de communication avec le public jeune, c’est le digital. On a été parmi les premiers à investir assez massivement sur un site internet riche en contenus et qui est consulté par une masse de public qui va bien au-delà des gens qui viennent au festival. Entre février et septembre, on compte environ 300 000 VU par mois, ce qui est important pour un événement qui ne dure que trois jours par an. On est identifié comme un acteur légitime et référent sur le rock, ce qui facilite le dialogue avec le public, qui reste proche de la marque Rock en Seine.

-Air of melty : Et quelle est votre stratégie sur les réseaux sociaux ?

F.M : On les voit comme le fil qui tisse et qui renforce le lien entre le festival et les festivaliers, au sens large, qu’il s’agisse de ceux qui viennent ou de ceux qui sont déjà venus ou qui voudraient venir. On cherche à créer une véritable communauté Rock en Seine, qui passe au travers d’un certain nombre d’actions qui varient en fonction du moment de l’année. Les moments forts sont quand on dévoile la programmation, les horaires, quand on ouvre la billetterie et bien évidemment les trois jours du festival, où l’on fait en sorte de raconter des histoires sur l’à côté des concerts et des animations présentes sur le site. On travaille aussi avec nos partenaires pour qu’ils alimentent en contenu ce qu’on délivre à notre public. Par exemple, cette année, autour du thème de la danse, on a monté un partenariat avec l’INA, l’institut national de l’audiovisuel, qui a créé des pastilles vidéo hyper drôles sur des cours de danse. Toutes ces histoires rajoutent des doses d’émotion dans ce qui pourrait n’être sinon qu’une liste de noms sur une affiche de festival.

-Air of melty : On parle beaucoup de l’importance des valeurs aujourd’hui pour séduire les jeunes. Quelles sont les valeurs que Rock En Seine met en avant aujourd’hui pour se connecter avec son public ?

F.M : Les valeurs de Rock en Seine sont portées et véhiculées par une programmation artistique et culturelle et par une certaine forme d’accueillir les gens. La manière dont on parle aux gens, dont on fait en sorte que leurs trois jours se passent bien, on transmet des valeurs qui sont liées au vivre-ensemble, au partage, à l’énergie. On encourage aussi beaucoup les jeunes à être actifs, et non pas passifs, ce qui peut être assez paradoxal quand on pense à l’idée de spectacle, où l’on a tendance à être simple spectateur. Sur un festival, on incite le spectateur à être actif dans son programme : il peut choisir ses concerts, ses animations, il peut bouger physiquement, choisir sa place, etc. A la fin de la journée, il en a plein les pattes parce qu’il a couru d’une scène à l’autre mais il a été actif, et c’est important. Aussi, la curiosité et l’ouverture, à l’autre comme aux arts et aux univers qu’on ne connait pas, sont des notions primordiales dans un festival, et on les retrouve bien chez les jeunes. Très souvent, le meilleur souvenir des festivaliers concerne un artiste qu’ils ne connaissaient pas ou qu’ils n’auraient pas pensé écouter. Ça veut tout dire, non ?

-Air of melty : Personnellement, quelle est votre plus grande fierté pour l’édition de cette année ?

F.M : Je suis très content de l’alchimie qui existe autour de ce festival. Pour moi, un festival ne peut pas se résumer à un artiste, à un nom sur une affiche, à une scène ou à un endroit. La diversité doit être au rendez-vous, et c’est particulièrement le cas cette année. Et concernant les animations, je dois l’avouer, j’ai adoré travailler sur la thématique de la danse, notre thème pour le festival cette année, et qui, selon moi, résume toutes les valeurs dont on a parlé plus haut. C’est l’action, l’énergie, la joie, l’ouverture, etc. Dans cette logique, on va notamment présenter un tout nouvel endroit, qui s’appellera le dancing. L’après-midi, on y trouvera des cours et des initiations à différentes danses (hip-hop, rock, etc) et le soir, on passera en mode boule à facettes et clubbing pour proposer encore une fois une nouvelle expérience. Comme quoi, on y revient toujours, à cette notion d’expérience !