Télévision : La télé-réalité fait-elle baisser les notes des adolescents ?

Par Céline Pastezeur - Publié le 06 Mar 2014 à 13:11
Les jeunes filles regardent souvent plus les programmes de télé-réalité que les garçons.
On savait déjà que la télé-réalité n’apportait pas vraiment de connaissances utiles aux ados pour leurs devoirs scolaires. Mais pire encore, selon une étude du ministère de l’Education nationale, les aventures de Nabilla et compagnie feraient même baisser leurs notes !

La télé-réalité détruirait-elle les neurones des adolescents, si actifs sur tous les écrans ? Une nouvelle étude de la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) du ministère de l’Education nationale pointe du doigt les conséquences d’un visionnage trop fréquent d’émissions de télé-réalité par les adolescents sur leurs notes scolaires. « Si l’on compare le visionnage de programme de téléréalité à la lecture de romans (policiers ou de littérature), la différence est de 35% pour les connaissances scolaires (mémoire encyclopédique) ce qui correspond à plus d’un tiers de la note. Traduit en note scolaire traditionnelle, un élève moyen qui lit beaucoup aurait une note de 14 sur 20 comparée à une note de 8,5/20 » pour un ado qui regarde souvent des programmes de télé-réalité, explique Alain Lieury, professeur à l’université de Rennes, qui a dirigé cette enquête, menée en 2011 auprès de 27 000 élèves de troisième.

Les filles sont plus nombreuses que les garçons à se laisser séduire par ce type de programmes (83% contre 65%), et cela s’explique par les « les histoires de cœur développées dans ces émissions qui les intéressent beaucoup ». Si les jeux vidéo ont, selon l’étude, un impact neutre sur les notes, la lecture est, en revanche, le loisir le plus bénéfique pour espérer de bonnes notes, puisque « les changements liés à une pratique fréquente sont favorables à tous les tests, notamment la compréhension (+10%) et surtout l’acquisition de connaissances (+20%) » grâce une richesse du vocabulaire employé et adopté, plus difficilement notable chez les Ch’tis, les Marseillais, les Anges et tous leurs camarades, c’est sûr !

Cela étant dit, ces résultats sont à prendre avec de (grosses) pincettes : François Jost, analyste des médias, reproche à l’étude ses raccourcis discutables et conteste la méthode employée et l’ambiguïté des questions posées aux jeunes, qui mélangent notamment séries et télé-réalité, deux programmes pourtant très différents. D’autre part, on constate que, parmi les jeunes qui regardent le plus ces émissions, il y a une surreprésentation des élèves en difficultés scolaires.