Affaire Alicia Durand : Plus d’un jeune français sur dix victime de cyber-violence

Par Céline Pastezeur - Publié le 24 Sep 2014 à 10:10
Le mal-être des jeunes passe-t-il de plus en plus par Internet ?
En début de semaine, l’affaire Alicia Durand a remué la sphère Internet : alors qu’une vidéo montrant une jeune fille en agressant une autre a été diffusée sur les réseaux sociaux samedi soir, la toile s’est rapidement emparée du phénomène, en continuant à témoigner d’une forte violence. Aujourd’hui, l’UNICEF dévoile les résultats d’une étude qui montre que la cyber-violence est bel et bien une réalité pour une partie de la jeune génération. Décryptage.

En début de semaine, Air of melty vous décryptait le phénomène Alicia Durand sur Internet. Alicia Durand, c’est une jeune fille suspectée d’avoir violenté verbalement et physiquement une autre jeune, souffrant de légers troubles mentaux. La scène de l’altercation, filmée, a ensuite été diffusée sur le net et a créé un véritable raz-de-marée, avec des milliers de commentaires postés sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter. Interrogé par la rédaction d’Air of melty il y a quelques semaines, Michel Fize, sociologue spécialiste de la jeunesse, nous avait expliqué que « les jeunes ont besoin d’être reconnus pour une performance, quelle qu’elle soit ». Or, à l’heure où tout passe désormais par les réseaux sociaux, ou presque, c’est justement sur ce terrain-là que la génération Y cherche à se mettre en avant, en optant pour des comportements qui inviteront au partage et à la réaction, pour le meilleur comme pour le pire, comme on peut le voir ici. Le harcèlement est une réalité pour les jeunes, qu’il se passe en ligne ou dans la vie réelle. D’ailleurs, une récente étude de l’UNICEF vient de montrer qu’un jeune français sur dix est victime de cyber-violence.

En effet, hier, l’UNICEF a dévoilé les résultats d’une étude d’envergure menée en début d’année auprès de 11 232 jeunes français âgés de 6 à 18 ans, dont l’ensemble des résultats est à consulter par ici. L’organisation y fait ressortir l’importance du mal-être chez les enfants et les adolescents : « Les difficultés rencontrées par les [jeunes] se traduisent par des souffrances psychologiques chez un peu plus de 36 % d’entre eux ». Plus d’un adolescent sur quatre (les 12-18 ans) aurait par ailleurs déjà pensé au suicide. Les causes de ce mal-être généralisé sont multiples : niveau de privation matériel, lieu de vie, profil familial, etc. Mais l’UNICEF se dit également inquiète, et c’est là que cela nous intéresse, du « développement récent » d’un nouveau type de harcèlement, à savoir le cyber-harcèlement. Au total, 12,5 % des sondés ont ainsi affirmé avoir déjà été « harcelés ou agressés » via Internet et les réseaux sociaux, comme c’est le cas pour Alicia Durand ces derniers jours, qui fait face à une vague de haine suite au harcèlement qu’elle aurait elle-même fait subir à une autre jeune fille.

Comme une autre confirmation que l’affaire Alicia Durand n’est en rien une exception, l’étude de l’UNICEF rapporte que les filles sont davantage victimes que les garçons (13,4 % contre 11,1 %). Un chiffre qui s’explique notamment par la plus grande utilisation que celles-ci font des réseaux sociaux. Les « cyber-harcelés » se révèlent également plus nombreux à partir de 15 ans. Si les chiffres dévoilés ce jour par l’UNICEF ont de quoi alarmer, rappelons que le ministère de l’Education nationale a déjà commencé la mise en place d’un plan de lutte contre le cyber-harcèlement scolaire dès 2013, ainsi que la rédaction d’une circulaire invitant les établissements scolaires à faire preuve de davantage de prévention et d’une meilleure prise en charge des victimes comme des parents. Action, réaction, c’est plus que jamais d’actualité.