Borecore, ou l’ennui 2.0 des jeunes décrypté

Il y a un an presque jour pour jour, la rédaction d’Air of melty faisait ce constat : les jeunes sont aujourd’hui lassés et ennuyés sur les réseaux sociaux et Internet. C’est l’Observatoire de la vie numérique des adolescents qui avait permis de mettre en lumière cette tendance, en dévoilant les résultats d’une étude s’intéressant à la qualité du temps passé sur le net plutôt qu’à sa quantité. Joëlle Menrath avait ainsi réalisé une enquête ethnographique basée sur 25 entretiens auprès de jeunes Français, en vue de décrypter leur sentiment face à Internet. Et justement, le sentiment principal qui ressortait de ces entretiens, c’est « la lassitude, le trop plein, l’inintérêt ou encore la disqualification des contenus et des services dont (les jeunes) font pourtant couramment usage ». En somme, les jeunes se montrent régulièrement actifs sur les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, Instagram ou encore Snapchat dans le but d’exprimer leur ennui. Les outils numériques seraient devenus un moyen pour la jeune génération d’évacuer son ennui et de le partager avec ses amis, essentiels dans la vie du jeune, mais pas forcément de le soigner. Et cela a aujourd’hui un nom : voici venue la tendance Borecore.

C’est Jenna Worthman, journaliste au New York Times, qui a été la première à utiliser ce terme, librement inspiré du normcore, la tendance à la normalité des jeunes, dont nous vous avions également déjà parlé. Comment se traduit le mouvement borecore sur la toile ? Et bien, sur YouNow (site que nous vous avons déjà présenté sur notre site) par exemple, le cinquième sujet le plus tendance (après ‘guys’, ‘girls’, ‘music’, ‘dance’), c’est ‘bored’. Et les services comme Periscope et Meerkat, spécialisés dans la diffusion de live vidéo, risquent bien d’aller dans ce sens également, en permettant le partage du moindre moment de vie, ou d’ennui, en temps réel. « Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application », écrivait Pascal dans « Les Pensées » au XVIIe siècle, comme le relaie le site Stylist, avant de conclure : « Aujourd’hui, le hashtag ‘boredom’ (ennui) suffirait. Oui, l’anglais est devenu la langue universelle et les mots dièse le miroir de notre société occidentale. S’ennuyer, ce mal adolescent qui (…) prend la forme d’images absurdes photographiées au smartphone (selfie mal cadré, chambre vide, télévision allumée, baby foot en cartes à jouer) ». Vous ne regarderez désormais plus ces clichés comme avant…