Normcore, la tendance à la normalité des jeunes bientôt dépassée par le mouvement Nocore ?

La semaine dernière, Air of melty vous a décrypté la nouvelle tendance qui émerge sur Instagram, à savoir l’aftersex, le selfie X qui consiste à se prendre en photographie après l’amour. Si le numérique a ses tendances, que les selfies en tout genre illustrent parfaitement depuis quelques mois, force est de constater que la vie quotidienne bien réelle a elle-aussi ses tendances phares créées par et pour les jeunes. La dernière en date, ou en tout cas, c’est ce que l’on pensait jusque-là : la mode normcore, qui revendique une normalité extrême. Le mouvement normcore a été mis en lumière suite à un article paru dans le New York Mag le 26 février dernier, avec la journaliste Fiona Duncan qui, se baladant dans Soho l’été dernier, a évoqué son expérience troublante : elle n’est pas parvenue à distinguer les jeunes branchés, alias les hypsters, de la classe moyenne américaine, puisque tous étaient habillés de la même façon, sans afficher aucun style particulier.

Et c’est exactement ce que revendique le mouvement normcore : à travers un style absolument non travaillé, des loisirs considérés comme démodés, les jeunes adeptes de cette mode sont en quête absolue d’une certaine idée de la normalité. K-Hole, qui a lancé ce terme de normcore explique que, « quand les marges deviennent de plus en plus peuplées, la culture indie se tourne vers le milieu. Une fois réalisée la différenciation, le vrai cool est de tenter de maîtriser la normalité ». Oui mais voilà, le mouvement normcore pourrait bientôt être déjà supplanté par un autre mouvement émergeant : le nocore. Le nocore, c’est en quelque sorte une réponse à la tendance déjà en place.

Selon le site des Inrockuptibles, « le ‘nocore’, ou ‘pas de noyau’ suppose que l’identité émerge d’une racine personnelle, d’une expression de l’intime. Le nocore abandonne l’affirmation narcissique de soi ». Les nouveaux héros de cette tendance nocore, ce sont les artistes qui optent pour un non-look, guidés par un engagement politique. Les adeptes du nocore, ce sont, par exemple, les personnes qui remplissent leur garde-robe en allant faire leurs achats dans des friperies, des petites enseignes locales, voire même des enseignes engagées, qui témoignent d’un certain refus. Selon Ananda Gabo, artiste canadienne engagée dans ce phénomène, le nocore « est une forme de normcore éthique, qui refuse les Nike et les Stan Smith, un utopisme libéré du statu quo ». Le nocore, donc, c’est la normalité, mais associé à un combat actif qui sort de l’ordinaire.