BETC, “La diversité et l’inclusion sont des sujets particulièrement importants pour les jeunes” (EXCLU)

Par Céline Pastezeur - Publié le 03 Juin 2021 à 11:11
BETC, “La diversité et l’inclusion sont des sujets particulièrement importants pour les jeunes” (EXCLU)
Pour l’interview de la semaine, Valérie Richard, en charge du département RSE chez BETC, répond à nos questions pour mieux comprendre l’état d’esprit des Millennials et de la Génération Z à l’égard de ces sujets.

En cette année 2021, c’est plus clair que jamais, la jeune génération est plus que jamais en attente d’inclusion à l’égard des marques. Les moins de 30 ans veulent consommer des marques qui s’engagent sur tous les fronts, que ce soit sur le plan de l’écologie, de l’éducation ou encore de l’égalité des sexes et de la tolérance. C’est seulement dans ce contexte que les jeunes consommateurs peuvent envisager de se montrer fidèles aux marques. Pour l’interview de la semaine, Valérie Richard, en charge du département RSE chez BETC, répond à nos questions pour mieux comprendre l’état d’esprit des Millennials et de la Génération Z.

-Air of melty : Si le grand public s’intéresse de plus en plus aux questions environnementales et sociales, c’est particulièrement vrai pour la jeune génération. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ? À quel point la RSE est-elle un sujet qui l’engage actuellement ?

Valérie Richard, en charge du département RSE chez BETC : Les sujets environnementaux et sociaux font en effet partie des préoccupations majeures des citoyens, toutes générations confondues. C’est particulièrement flagrant en ce qui concerne la question environnementale : nos études Prosumers, qui nous permettent de mieux cerner les tendances sociétales et de consommation, montrent que la crise sanitaire a encore renforcé l’inquiétude croissante sur ce sujet. Cette inquiétude est portée bien sûr par la jeune génération, mais pas seulement : pour 86% des Français la crise du Covid-19 est « l’avertissement que nous devons prendre meilleur soin de la planète ». C’est donc un sujet inter-générationnel, et c’est d’ailleurs plutôt une bonne chose, parce que l’enjeu doit être porté par tous. Mais d’un autre côté, on constate parfois des dissonances cognitives entre ces déclarations et les actes réels liés à la préservation de l’environnement. Un exemple : curieusement, les études de CITEO ou de l’ADEME nous montrent que les jeunes trient moins leurs déchets que leurs aînés. La volonté de s’engager est bien là, mais les actes ne suivent pas encore forcément.

-Air of melty : Quels sont particulièrement les sujets qui parlent aux jeunes en la matière : les problématiques environnementales, la diversité, l’inclusion, le respect des droits humains ?

V.R : Les sujets sociétaux comme la diversité et l’inclusion sont particulièrement importants pour les jeunes. C’est d’ailleurs un des axes phares de la communication responsable qui consiste, sur le fond, à bien prendre conscience de l’impact sociétal de nos messages et, sur la forme, à ne pas véhiculer une image stéréotypée de la société, tout en étant représentatif et respectueux de la diversité humaine. Le body positivisme, ce courant inclusif qui incite les femmes et les hommes à s’aimer tels qu’ils sont en rejetant une vision normée et stéréotypée de la société en est un bon exemple. D’ailleurs notre campagne récente pour Veet illustre bien ce mouvement de fond, initié par la jeune génération : elle rappelle aux femmes que leur rapport au corps et aux poils leur appartient et qu’elles sont libres de s’occuper de leur pilosité comme bon leur semble, un peu, beaucoup ou pas du tout. Il n’y a pas de jugement ni d’injonction à la perfection.

-Air of melty : On dit beaucoup que les 18-35 ans ont envie et besoin de consommer des marques qui s’engagent. Est-ce quelque chose que vous remarquez au quotidien chez BETC ? La RSE doit-elle désormais être au cœur des stratégies des marques ?

V.R : La RSE prend une part de plus en plus importante en effet dans la stratégie des marques et des entreprises. Elles sont de plus en plus nombreuses à prendre conscience qu’elles doivent se transformer et adopter des modèles de production plus vertueux, inspirés des principes de l’économie circulaire. Le modèle linéaire traditionnel qui consistait à puiser des ressources pour fabriquer un produit et son emballage et ensuite à le jeter après consommation n’est plus viable pour la planète, et par conséquent pour nous, humains. Nos ressources ne sont pas infinies et il est temps de réfléchir à de nouvelles façons de produire et de consommer, en recyclant, réutilisant, réparant, réemployant nos biens de consommation. Cette nouvelle façon de produire s’accompagne aussi par une autre tendance émergente de consommation, basée plus sur l’usage que la possession, c’est ce qu’on appelle l’économie du partage et de la fonctionnalité. De nombreuses marques sont en train d’expérimenter sur ces sujets. Par exemple, Décathlon teste dans quelques magasins en Belgique la généralisation de la location de ses produits valant plus de 25 euros. Beaucoup de choses bougent donc dans le bon sens actuellement, même si on en est encore au stade expérimental.

-Air of melty : Quels conseils donneriez-vous aux marques qui veulent miser sur l’environnement pour s’adresser à la jeune génération ? Quelles sont les bonnes pratiques à adopter et quelles sont les erreurs à éviter ?

V.R : Ce qui est attendu des marques, ce n’est pas qu’elles soient exemptes de tout défaut et absolument parfaites, mais qu’elles sachent montrer leurs engagements et leur chemin vers un modèle plus soutenable en toute honnêteté et transparence, avec des informations claires et vérifiables et des arguments proportionnés à l’ampleur des efforts environnementaux ou sociétaux réalisés. Le greenwashing, le socialwashing, l’ecobragging, le goodwashing qui ont en commun le fait de surfer sur la tendance sustainable parce que c’est porteur, alors qu’aucune action concrète n’a été réalisée derrière, sont évidemment à éviter sous peine d’un retour de boomerang réputationnel qui peut être conséquent. Les consommateurs, et notamment les jeunes, sont de plus en plus matures sur ces sujets, donc il est important de s’adresser à eux en étant sincère et en proposant des engagements clairs.

-Air of melty : En quoi la RSE est également importante en tant qu’argument de recrutement des Millennials actuellement ?

V.R : Les entreprises ont besoin des jeunes talents pour se développer. Et tout l’enjeu est non seulement de recruter, mais aussi de garder ces talents. C’est une des autres raisons pour lesquelles la mise en avant de la politique RSE est devenue stratégique. Et c’est une RSE multiniveaux qui est recherchée : un cadre de travail à la fois agréable et respectueux de l’environnement, des métiers qui ont du sens, une mission d’entreprise motivante, et de réels engagements sociétaux et environnementaux. Bref, une belle mission de marque employeur !

-Air of melty : À moyen et long terme, comment voyez-vous le sujet de la RSE évoluer ? Quelles seront les priorités pour les mois et les années à venir ?

V.R : Pour moi, la RSE va prendre de plus en plus de place dans le core-business, au cœur de la stratégie de l’entreprise. On a franchi le cap d’une RSE un peu naïve, qui était juste là pour donner bonne conscience avec des engagements « pour faire joli ». Désormais la plupart des entreprises doivent rendre compte de leurs impacts environnementaux et sociaux de façon chiffrée. La RSE est donc là pour orienter, réduire les impacts négatifs, et maximiser les impacts positifs, et pour les plus avancés, à aider l’entreprise à formuler sa « raison d’être ». A terme, je vois la RSE devenir un vecteur d’innovation et de transformation des entreprises, sous la nécessaire transition écologique qu’elles doivent opérer mais la route est encore longue !