Facebook : Fire Challenge, le nouveau défi qui pousse les jeunes à risquer toujours plus

Par Céline Pastezeur - Publié le 05 Août 2014 à 12:32
S’enflammer pour s’amuser, une tendance qui a de quoi faire peur.
Après l’eau, le feu. Il y a deux mois, nous vous parlions du phénomène A l’eau ou Au Resto, qui connaissait une grande vague de popularité sur Facebook, avant que la blague ne tourne au drame avec la mort de trois jeunes. Aujourd’hui, nous vous parlons d’un nouveau genre de défi qui fait fureur aux Etats-Unis et qui incite les jeunes à se mettre toujours plus en danger sans raison : découvrez le Fire Challenge par ici.

Il y a deux mois, Air of melty vous décryptait le nouveau défi en vogue sur Facebook, A l’Eau ou Au Resto, qui consistait à se jeter à l’eau déguisé avant de partager la vidéo sur le réseau social et d’inciter trois amis à se lancer le même challenge. Ce qui n’était à l’origine qu’une farce censée répondre au besoin d’expériences nouvelles des jeunes s’était finalement mué en jeu dramatique lorsqu’un jeune homme de 19 ans était mort noyé après s’être jeté à l’eau avec son vélo. Depuis, deux autres jeunes ont perdu la vie suite à ce défi. « Il y a un risque de surenchère et un réel danger », avait alors plaidé Franck Dehay, porte-parole de la DGPN, en rappelant également que, quelques mois plus tôt, la NekNomination (défi consistant à boire cul sec l’alcool le plus fort possible et à poster la vidéo de cet ‘exploit’ sur le réseau social ensuite) avait également constitué une tendance inquiétante auprès des jeunes. « C’est moins inoffensif que cela n’y paraît » et les « accoutrements » des participants aux défis sont « souvent ridicules ou humiliants », avait-il déclaré. Pourtant, il faut visiblement se faire une raison, les jeunes cherchent à repousser toujours plus leurs limites. Ainsi, après avoir tenté de dompter l’eau, la génération Y s’attaque aujourd’hui à son opposé : le feu. La tendance du Fire Challenge est en marche.

Le Fire challenge consiste à s’asperger une partie du corps (de la main au torse, en partant par les parties génitales pour les plus téméraires ou les plus fous) de produits inflammables, puis à y mettre le feu avant de l’éteindre le plus rapidement possible, tout en se faisant filmer avant de partager la vidéo sur les réseaux sociaux. Pour le moment, le phénomène n’est notable qu’aux Etats-Unis, où plusieurs centaines de vidéos sont apparus sur YouTube et où plus de 1 500 mentions du ‘Fire Challenge’ ont été postées sur les réseaux sociaux en une semaine. Nombreux sont les jeunes qui déplorent le phénomène qui envahit les réseaux sociaux ces derniers jours, mais nombreux aussi sont ceux qui décident de s’enflammer telle une torche humaine de leur plein gré. Plusieurs jeunes de moins de 20 ans ont d’ores et déjà été brûlés au deuxième degré en se prêtant au Fire Challenge.

Pour le sociologue David Le Breton, spécialisé dans le rapport au corps et interrogé par le quotidien 20 Minutes, « relever ces défis constitue un rite de virilité. […] Avant, le défi était ’celui qui crache le plus loi’. Les rites restaient alors des phénomènes de bandes et faisaient émerger un cador du quartier. Mais aujourd’hui, il s’agit de s’imposer comme celui qui a le moins froid aux yeux. Pour tirer leur épingle du jeu et montrer qu’ils sont plus forts que les autres, les jeunes vont le plus loin possible dans le danger. Et avec l’émergence des réseaux sociaux, nous assistons à une surenchère dans les défis. En réalisant quelque chose d’extraordinaire, les jeunes pensent obtenir la gloire et avoir l’étoffe d’un héros ». Via ces défis, si absurdes et risqués soient-ils, explique-t-il, « le garçon le plus médiocre dans sa vie commune devient grandiose ». Or, à l’heure où les jeunes constituent une génération narcissique et très compétitive, comme nous l’avons dit, la popularité sur les réseaux sociaux représente un sacré graal. De son côté, Michaël Larrar, psychiatre auteur d’une chronique sur Le Plus, évoque aussi une dimension érotique non négligeable dans le Fire Challenge : « Il y a une dimension exhibitionniste. […] Le fait de se mettre le feu est aussi une manière de se montrer ‘en chaleur’ aux yeux du monde. Ce jeu répond ainsi à deux problèmes majeurs des adolescents : la peur de ne pas être assez puissant et l’excitation sexuelle frustrée ». Encore une fois, les jeunes apparaissent comme des individus en pleine construction identitaire, mais en aucun cas désespérés ou suicidaire. Après l’eau et le feu, les jeunes s’attaqueront ils aux autres éléments pour se prouver qu’ils existent ?