Le spornosexuel, véritable tendance jeune ou coup de buzz dans le vent ?

Par Céline Pastezeur - Publié le 18 Juin 2014 à 16:23
Don Jon, interprété par Joseph Gordon-Levitt était l’incarnation du spornosexuel.
Il y a eu le métrosexuel, l’übersexuel, il y a désormais le spornosexuel. Depuis la semaine dernière, tous les médias parlent de cette nouvelle tendance, une nouvelle fois amorcée par le journaliste Mark Simpson. Née du narcissisme de la jeunesse et de l’explosion des réseaux sociaux, Air of melty s’y intéresse, afin de voir s’il s’agit d’un véritable phénomène actuel, d’une prise de conscience soudaine ou d’un simple coup de buzz sans véritable raison d’être. Verdict par ici !

Il y a quelques jours, Air of melty vous parlait de la génération ‘Moi Je’, alias la génération Y, plus narcissique et compétitive que ses aînées, contraignant alors les marques à s’adapter à ces traits de caractères propres à cette tranche d’âge, qui mise sur les réseaux sociaux comme Instagram et Facebook pour se faire remarquer dans la masse. Aujourd’hui, de nombreux médias parlent d’un nouveau type d’homme qui combine ces deux traits de caractère, mais puissance 1000 : le spornosexuel, contraction de sport-porno-sexuel, un terme apparu en 2012. Depuis une semaine, tous les journaux traitent du phénomène, qui connait une nouvelle jeunesse grâce à l’apparition de deux jeunes hommes vêtus d’un maillot de bain très excentrique couvrant très subtilement leurs parties intimes. Alors, Air of melty s’est demandé si une véritable tendance était sur le point de (re)naître ou si le terme de spornosexuel fait beaucoup parler de lui pour pas grand-chose.

Avant tout, qu’est-ce que le spornosexuel ? Ou plutôt, qui est-il ? Le terme a été inventé par Mark Simpson, également à l’origine du terme métrosexuel en 1994. Ce premier néologisme décrivait l’homme moderne comme “un jeune homme célibataire à haut revenu, vivant ou travaillant en ville (parce que c’est là que sont toutes les meilleures boutiques), et qui est peut-être le consommateur le plus prometteur de la décennie”. En somme, il décrivait un consommateur aguerri, prenant grand soin de lui et le revendiquant malgré une époque où le narcissisme masculin était encore assez tabou. A l’époque représenté par David Beckham, le métrosexuel a largement été mis en avant dans les campagnes publicitaires de marques de beauté souhaitant s’adresser à un public plus masculin. Aujourd’hui, le spornosexuel serait une version encore plus extrême du métrosexuel : dans un article du Telegraph titré « Le Métrosexuel est mort, vive le spornosexuel », Mark Simpson lui-même estime que les spornosexuels sont la nouvelle tendance à suivre.

« Contrairement aux vieux métrosexuels, comme Beckham dont les attributs sont artificiellement gonflés sur les publicités, les spornosexuels se sont photoshopés dans la vie réelle », a-t-il écrit. A coup de séances de sport, d’épilation, de mise en beauté en tout genre, le spornosexuel travaille et exhibe son corps sur les réseaux sociaux. Son aspect physique compte désormais bien plus que son look et que ses tenues, c’est là toute la différence. Mark Simpson affirme que le jeune homme concerné est « frénétique dans sa volonté de faire de lui-même un objet. Son propre corps est devenu l’accessoire ultime, qu’il façonne à la gym afin d’en faire un produit à la mode – un produit que l’on partage et compare sur le grand marché d’Internet ». Selon plusieurs journalistes, Justin Bieber serait l’incarnation parfaite du spornosexuel. Pour Mark Simpson, il faut plutôt se tourner vers Dan Osborne, un héros de téléréalité britannique à la plastique parfaite qui passe son temps à se mettre en scène dans des positions suggestives sur les réseaux sociaux.

Quoi qu’il en soit, à l’heure où le selfie est roi sur les réseaux sociaux et dans les pratiques des jeunes, il est peu surprenant de voir ce profil de jeunes hommes se démarquer aujourd’hui. Mais peut-on vraiment appeler cela une nouvelle tendance ? Pas sûr, c’est simplement une évolution, mais qui ne date pas de la semaine dernière : ce genre de candidats de télé-réalité, fiers de leur plastique, peu pudiques et très narcissiques, sont légion commune depuis des années. En tout cas, pas sûr que ces accros à l’image glamour se laissent prendre au jeu d’une autre tendance auprès des jeunes, à savoir le défi viral sur Facebook ‘Une photo ou au resto’, qui fait la part belle aux adulescents en les replongeant dans leurs souvenirs (et leurs photos) d’enfance.