Les jeunes Français et l’avion, quelle réalité en 2022 ?

Par Céline Pastezeur - Publié le 16 Mai 2022 à 12:07
voyage avion
Alors que l'on parle souvent du fait que la jeune génération adapte sa manière de consommer pour protéger l'environnement, les moins de 30 ans sont-ils prêts à renoncer à l'avion pour privilégier des moyens de transport plus verts ? Pas si sûr...

Toutes les études de ces derniers mois le montrent, les jeunes sont plus engagés sur tous les fronts que jamais, et c’est notamment vrai sur le plan de l’écologie. Et qu’on se le dise, même s’ils sont nombreux à souffrir d’éco-anxiété, les moins de 30 ans font toujours preuve d’un grand optimisme. Ils sont ainsi plus de 7 sur 10 à penser qu’il est encore temps d’agir pour sauver la planète. Et, de leur côté, les jeunes entendent y parvenir en changeant notamment leur manière de voyager. Depuis deux ans, on voit que le voyage éco-responsable est une réelle priorité pour la jeune génération. En pratique, cela consiste à miser sur des activités et des hébergements qui respectent l’environnement. Mais qu’en est-il du transport ? Les Millennials et les Z ont-ils vraiment choisi de bannir l’avion, connu pour être un moyen de transport très polluant ? Pas forcément, à en croire une nouvelle étude menée par la chaire Pegase, qui regroupe une vingtaine de chercheurs travaillant sur l’économie du transport aérien et qui a administré un questionnaire à un échantillon de 800 jeunes de 15 à 24 ans qu’elle a comparé à un deuxième, de 1.010 répondants ayant 25 ans ou plus. Verdict, le flygskam, alias la honte de prendre l’avion pour lui privilégier des modes de transport moins carbonés, ne concerne clairement pas tout le monde !

crédit photo : Pixabay / JoshuaWoroniecki
Selon la chaire Pegase, avant la crise du Covid-19, sur une année type comme 2019, la génération Z réalisait en moyenne 1,46 vol par an, contre 1,65 vol pour les Millennials. De leur côté, les Français plus âgés sont moins adeptes des vols, avec 1,34 pour les 35-65 ans et 1,015 pour les 65-75 ans. Et bien, il faut le dire, la crise sanitaire n’a visiblement rien changé aux habitudes de chacun : ainsi, les intentions de vols exprimés pour l’année 2022 sont globalement équivalentes aux vols réalisés en 2019, constate l’étude. Et, selon les chercheurs, cela est assez typique de la jeune génération. « Cette génération est plus engagée que les autres sur les problématiques environnementales, de nombreuses études le soulignent, mais cela ne se traduit pas toujours par une consommation plus écoresponsable », note Paul Chiambaretto, directeur de cette chaire rattachée à la Montpellier Business School. D’ailleurs, tout comme leur critère d’achat en magasin reste le prix avant le respect de l’environnement, le prix, la sécurité et le nombre d’escales restent les éléments déterminants dans le cadre de l’achat d’un billet d’avion. « La performance environnementale de la compagnie aérienne n’arrive qu’en 7e position (sur 10) ». Là encore, le classement des 18-24 ans est similaire à celui des 25 ans et plus. Alors, les jeunes seraient-ils plus engagés pour l’environnement en théorie qu’en pratique ?

Pour certains c’est peut-être vrai mais pas pour tous, selon Alexis Chailloux, responsable chez Greenpeace France, qui vient nuancer les conclusions de cette première étude. « Une première critique est que la chaire Pégase présente la génération Z comme un seul bloc cohérent, quand en réalité il y a des générations Z comme il y a des jeunesses ». Il existe ainsi toute une catégorie de jeunes qui choisit effectivement de ne plus prendre l’avion, ou le moins possible, et d’opter pour des moyens de transport plus respectueux de l’environnement. Mais ce qui est vrai pour tous les jeunes ou presque, en revanche, c’est bien le fait que le coût du trajet est souvent l’élément déterminent pour planifier un voyage. Et, en la matière, l’avion peut souvent être avantageux grâce aux lignes low cost. En clair, la relation entre les jeunes et l’avion n’est pas toujours facile à analyser !