Snapchat : « Le géofilter se doit d’être attractif, explicite et un complément cool à la photo de l’utilisateur » (EXCLU)

Par Céline Pastezeur - Publié le 02 Août 2017 à 11:29
Snapchat : « Le géofilter se doit d’être attractif, explicite et un complément cool à la photo de l’utilisateur » (EXCLU)
Alors que les geofilters de Snapchat fêtent leurs 3 ans d'existences, trois designers ayant participé à la conception de certains d'entre eux ont accepté de nous parler de leur expérience. Débuts, process, inspiration et fierté de participer à un tel projet, Boris Kubiak, Thibault de Salins et Ludovic Place nous disent tout !

En cet été 2017, les geofilters de Snapchat fêtent leurs trois ans. A cette occasion, quelques jours après avoir décrypté la puissance de cet outil marketing, entre histoire, vues et contexte de création, en mettant notamment en lumière le fait que plus d’1,5 millions de geofilters sont vus chaque minute par les utilisateurs de Snapchat, nous voulions vous aider à comprendre davantage ce (ou plutôt ceux) qui se cachent derrière ces filtres géolocalisés déployés dans de plus en plus de villes et de secteurs à travers le monde. Boris Kubiak, Thibault de Salins et Ludovic Place ont tous les trois conçu plusieurs geofilters. Ils ont accepté de répondre à nos questions à ce sujet !

-Air of melty : Comment avez-vous commencé à créer des geofilters pour Snapchat ?

Boris Kubiak : J’ai commencé à créer des geofilters à la fin de l’année 2015. Les geofilters n’étaient pas vraiment courants, on pouvait en trouver quelques uns dans les grandes villes, mais ils étaient souvent peu esthétiques et étendus sur de très grandes zones géographiques. Snapchat a donc fait appel à des graphistes et illustrateurs de différents pays pour améliorer la diversité et la qualité de ces filtres. En France, nous étions deux, et avons créé chacun 60 filtres en 30 jours, sur 8 villes différentes.

Thibault de Salins : J’ai été contacté en 2015 pour faire partie d’une équipe de créatifs qui réaliseraient des geofilters pour la France. Après quelques rendez-vous Skype avec le siège en Californie pour appréhender les « do/don’t » de la créa de geofilters, j’ai commencé à créer des filtres pour plusieurs villes françaises comme Paris, Lyon, Nice, Bordeaux, Toulouse…

Ludovic Place : J’ai commencé à créer des geofilters peu après la médiatisation des filtres et leur apparitions en France. J’ai voulu en créer pour mes villages et villes alentours, comme un passe-temps et une manière d’améliorer mes compétences de design, juste pour le plaisir.

-Air of melty : Comment se passe la création d’un filtre géolocalisé pour l’application ?

B.K : Le processus est très simple, du moment que l’on maîtrise un logiciel d’édition d’image tel que Photoshop, Illustrator, ou Gimp. Il faut tout d’abord télécharger un template vierge sur le site de Snapchat, qui sert de fichier de base. Lorsque l’illustration est terminée, on upload le résultat sur le site dédié aux geofilters, on choisit une zone géographique sur une carte, et on attend que le filtre soit validé ! Celui-ci peut évidemment être rejeté si la zone géographique est trop grande, ou si la qualité de l’illustration ne répond pas aux attentes de Snapchat.

T.d.S : Il faut tout d’abord définir plusieurs zones dans une ville : rues populaires, monuments historiques, musées, quartiers… Ensuite, on laisse libre court à son imagination en essayant de véhiculer au mieux l’atmosphère du lieu en question tout en respectant quelques normes techniques définies par l’application. Les créations sont par la suite délimitées géographiquement sur une map puis envoyées pour validation.

L.P : La création d’un filtre géolocalisé prend du temps, si l’on souhaite créer un filtre en rapport avec un monument, un endroit connu ou un paysage en rapport avec la ville. Après, il est important de le personnaliser et de le rendre unique, ce qui demande un certain travail de réflexion, en plus de l’observation.

-Air of melty : Personnellement, comment trouvez-vous l’inspiration pour concevoir un geofilter ?

B.K : Dans mon cas, le contexte est un peu particulier, puisque j’avais pour objectif de créer un grand nombre de filtres pour des villes choisies à l’avance. Je me renseignais donc sur les quartiers célèbres de la ville en question et cherchais les particularités marquantes de chaque quartier (un monument, une fontaine, un parc, une attraction culturelle…). Ces éléments servaient de base à mon filtre, et je n’avais qu’à ajouter ma touche personnelle pour le côté original et esthétique.

T.d.S : Personnellement je trouvais l’inspiration en choisissant des lieux que je connaissais, c’est toujours plus simple de connaitre le lieu que l’on va essayer de retranscrire graphiquement. Pour ceux que je ne connaissais pas, je m’imprégnais du lieu en faisant pas mal de recherches pour comprendre et appréhender l’importance du lieu pour les gens : Est-ce que c’est un endroit avec un potentiel photographique ? Est-ce que les gens vont s’arrêter ici ? Qu’est-ce que font principalement les gens dans ce quartier ? Je me posais pas mal de questions pour comprendre, et une fois que j’avais compris je créais.

L.P : L’inspiration vient dans l’envie de faire connaître des villes touristiques aux utilisateurs, en les valorisant. Au départ, j’ai simplement créé des geofilters juste pour que mon village apparaisse sur Snapchat. Et je me suis pris au jeu ! L’intérêt pour cette activité a grandi et, en s’améliorant, on se rend compte qu’on arrive à faire des designs convenables. Les statistiques sont importantes pour voir l’utilisation du filtre, qui peut aller jusqu’à des milliers voire des millions de vues selon les villes et secteurs.

-Air of melty : Quels sont les ingrédients pour concevoir un bon geofilter ?

B.K : Le le geofilter est par définition localisé. Sa principale qualité sera donc un rapport étroit avec le lieu qu’il représente. Je préfère largement un filtre où l’on retrouve des éléments du quartier qu’on visite, plutôt qu’un simple texte stylisé, qui aura moins de personnalité.

T.d.S : Comme toute création il n’y pas forcément de recette, mais plus du feeling. Si on connait le lieu pour lequel on va créer un filtre alors on a plus de chance de concevoir un bon filtre que les utilisateurs voudront utiliser à cet endroit. Graphiquement parlant, je dirais que le géofilter se doit d’être attractif et explicite tout en étant simplement un « complément cool » à la photo de l’utilisateur.

L.P : De mon côté, je dirais que la personnalisation, l’authenticité et l’originalité sont les clés essentielles pour concevoir un geofilter qui saura engager la communauté Snapchat.

-Air of melty : Quel est le filtre dont vous êtes le plus fier ?

B.K : Difficile de me décider sur un filtre en particulier, mais je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine fierté quand une personnalité utilise un de mes geofilters dans ses snaps. Parfois, ce sont aussi des amis à moi, qui visitent une ville et utilisent mes filtres sans même le savoir.

T.d.S : Le filtre dont je suis le plus fier est celui que j’ai réalisé pour la place de la République à Paris. C’est celui qui a fait partie de la campagne publicitaire de Snapchat dans le métro parisien en mai 2016. J’étais assez fier sachant que c’était la 1ère campagne française de l’application.

L.P : Incontestablement, le premier que j’ai envoyé sur le site, tout simplement pour la fierté d’avoir son premier filtre accepté et utilisé.

-Air of melty : Que peut-on attendre pour les prochains geofilters ?

T.d.S : Toujours plus de lieux représentés ! Et plus de geofilters personnalisés !

L.P : Toujours plus d’originalité !