Société : Génération Tanguy le retour, un mélange de frustration et de libération pour les 18-34 ans

Par Céline Pastezeur - Publié le 18 Juil 2014 à 07:08
Les jeunes sont toujours plus nombreux à rester vivre chez leurs parents.
Si la génération Tanguy a grandi, la génération qui la suit a pris le relai ! Un sondage de l’organisation Eurofond révélait en avril dernier que les 18-29 ans peinent de plus en plus à quitter le domicile de leurs parents, plus pour des raisons financières que des raisons familiales. Le phénomène est aujourd’hui confirmé, même si des lueurs d’espoir sont à observer ! Décryptage par ici.

En avril dernier, Air of melty vous révélait, chiffres à l’appui, que la génération Tanguy était de retour, avec les jeunes restant de plus en plus tard dans le foyer familial. Un phénomène qui s’explique vraisemblablement par un manque d’indépendance financière puisque, selon une autre étude, 82% des 18-29 ans voudraient être propriétaires avant 30 ans. Selon l’étude d’Eurofound, la proportion d’Européens de 18 à 29 ans demeurant avec leur famille d’origine a augmenté de 44% à 48% entre 2007 et 2011, en touchant plus particulièrement les jeunes hommes. Cette évolution reflète celle du taux de chômage, qui a sensiblement augmenté durant la période étudiée. En 2007, 7% des hommes sondés se disaient sans emploi, contre 14% quatre ans plus tard. Le lien entre autonomie et travail ne fait aucun doute puisque, selon l’étude, 60% des jeunes occupant un emploi vivaient seul ou avec leur partenaire en 2011, contre moins d’un tiers des jeunes au chômage.

Cette tendance à la génération Tanguy est présente en Europe comme aux Etats-Unis, comme vient de le mettre en lumière David Dayen, journaliste pour le site New Republic. Dans un long papier, il tend à montrer que, contrairement à ce que les politiques d’Etat essaient de faire croire, ce n’est pas la longévité des études qui explique un tel phénomène mais bel et bien le fait que la génération Y est une génération pauvre, qui ne dispose que de peu de réserves financières. Mais la situation serait en train de changer. Alors que le marché du travail repart quelque peu à la hausse, les jeunes adultes seraient les premiers concernés par cette lueur d’espoir : « Les jeunes adultes commencent à déménager de chez leurs parents pour emménager en tant que locataires dans des petits appartements », explique l’article. Ainsi, cette tendance confirme que, contrairement à la génération de leurs parents, l’accès à la propriété ne vient pas systématiquement avec l’accès à l’emploi. L’envie est en tout cas présente, comme l’avait montré une étude menée par l’institut CSA pour le réseau Guy Hoquet en mai dernier et révélant que 59% des jeunes préféreraient rembourser un crédit plutôt que de payer un loyer chaque mois. Alors, le changement, c’est pour bientôt ?

Pas sûr, puisque les jeunes pourraient bien réserver leurs économies à un autre projet que celui de la propriété. En effet, en opposition à cette génération de retour chez ses parents et en manque d’indépendance, découvrez la génération Y sous un nouvel angle, celui d’une génération de globe-trotters décidés à se forger un avenir professionnel différent de leurs aînés grâce aux voyages. Dépaysement de longue durée et improvisé au programme ! Attention toutefois à ne pas penser que ces voyages sont synonymes de farniente et d’échappatoire à la vie réelle. A l’inverse, ces longs séjours sont souvent l’occasion pour les jeunes de faire le point sur ce qu’ils veulent dans la vie, privée mais aussi professionnelle. En effet, toujours selon l’étude de WYSE, nombreux sont les jeunes voyageurs qui profitent de leurs voyages pour renforcer leur CV : 22% des jeunes sondés ont ainsi affirmé vouloir apprendre une nouvelle langue, 15% veulent acquérir plus d’expérience professionnelle et 15% déclarent vouloir étudier, des chiffres qui ont tous augmenté depuis 2007. En somme, comme les possibilités d’accéder à la propriété sont de toute façon restreintes, les jeunes décident de dépenser leurs économies dans un voyage formateur, en attendant d’avoir les clés de leur vie d’adulte.