YouTube Space Paris, « On veut aider les YouTubers à passer un cap » (EXCLU)

Par Céline Pastezeur - Publié le 01 Oct 2015 à 09:01
Le YouTube Space Paris est désormais ouvert !
Ce 1er octobre signe le début d'une nouvelle aventure pour YouTube, qui vient de lancer le YouTube Space Paris, un espace de création, de collaboration et d'apprentissage dédié aux YouTubers. A cette occasion, David Rippert, Directeur du YouTube Space EMEA, et Sébastien Perron, Responsable des partenariats Youtube France, nous ont accordé un entretien.

La rumeur avait été lancée il y a trois semaines, elle a été confirmée ce matin : YouTube ouvre bel et bien un studio de tournage à Paris. Déjà, il y a deux semaines, YouTube avait dévoilé son YouTube Space en vidéo, de quoi titiller la curiosité de chacun. Aujourd’hui, jour du lancement du YouTube Space Paris, David Rippert, Directeur du YouTube Space EMEA, et Sébastien Perron, Responsable des partenariats Youtube France, ont répondu à nos questions, concernant tout l’enjeu qui entoure ce nouvel espace de création, collaboration et apprentissage. Alors, c’est tout bon auprès de la jeune génération connectée ?

-Air of melty : Pouvez-nous réexpliquer en quelques mots le concept de YouTube Space ?

David Rippert, Directeur YouTube Space EMEA : Le YouTube Space Paris est le septième Space qu’on ouvre, après Londres, New York, Los Angeles, Sao Paulo, Tokyo et Berlin. C’est le troisième en Europe. L’espace s’organise autour de trois pôles : l’apprentissage, la collaboration et la création de contenus. Concernant l’apprentissage, c’est un espace dans lequel les créateurs peuvent venir et apprendre comment améliorer la qualité de leur vidéo, comment se servir d’équipement de production, comment augmenter leur audience sur YouTube, etc. Des gens en interne et des experts viendront donc délivrer ces sessions d’apprentissage. Concernant la collaboration, qui est un énorme levier d’audience sur YouTube, on va organiser des événements et faire du YouTube Space un espace de rencontre dans lequel les gens peuvent venir pour développer leurs idées, écrire ensemble et collaborer. Enfin, l’aspect création se retrouve dans l’idée de fournir l’équipement, le studio, tout ce qui est à disposition des créateurs gratuitement, pour qu’ils puissent apprendre à améliorer la qualité de leur contenus ou pour accéder à des technologies de pointe et à des expérimentations comme la vidéo 360, qui existe encore très peu ailleurs, l’utilisation du ralenti ou la résolution 4K. Pour accéder au Space, il faut avoir 1 000 abonnés sur sa chaîne YouTube, même si quelques événements seront dédiés à tous les YouTubers.

-Pourquoi lancer le YouTube Space à Paris aujourd’hui, en ce mois d’octobre 2015 ?

D.R : Avoir un YouTube Space à Paris est un projet de longue date, on a toujours voulu le faire. Il y a une communauté énorme et dynamiques de créateurs en France, sur YouTube et hors YouTube. Ces créateurs veulent un endroit pour se rencontrer, travailler ensemble et apprendre toujours plus. On a donc réuni tous les moyens pour pouvoir leur offrir tout cela aujourd’hui.

-On dit beaucoup que les jeunes constituent une génération « Do It Yourself », avide d’entreprendre de nombreux projets à leur façon. Avez-vous créé ce studio dans cet optique, pour répondre à cette envie de créer exprimée par la jeune génération ?

Sébastien Perron, Responsable partenariats Youtube France : C’est exactement ça. Aujourd’hui, on est ravi de voir, surtout en France, une génération qui a pris l’initiative de se filmer, tout seul, sans rien demander à personne, parce qu’elle avait des idées et qu’elle se montre créative. Notre démarche, sur YouTube, c’est d’accompagner ces créateurs, de leur fournir un maximum d’outils pour comprendre la plateforme. Jusqu’à présent, on avait un guide du créateur, un outil en ligne qui répertorie toutes les bonnes pratiques. Le YouTube Space est un outil physique pour leur permettre d’être accompagnés.

D.R : YouTube est un réseau social, donc il y a déjà beaucoup de membres qui interagissent avec les créateurs et qui sont inspirés par eux pour devenir créateurs eux-mêmes. Ce phénomène existe depuis longtemps mais on veut effectivement être la représentation physique de ce lieu de rencontre qu’est YouTube pour les créateurs.

-S’agit-il aussi d’une envie de sortir du cliché de la webcam du geek placé dans sa chambre ? Quelle est l’image des YouTubeurs en France aujourd’hui ?

S.B : On apprécie que les YouTubers soient débrouillards et créatifs, ça fait partie de ce qu’est YouTube. Simplement, aujourd’hui, on veut donner des moyens supplémentaires, gratuitement, à ceux qui le souhaitent pour qu’ils puissent passer au stade supérieur. Aujourd’hui, on connait quelques YouTubeurs stars, qui sont aujourd’hui capables de rassembler des foules lors de meet-up, qui sortent des livres ou encore qui font des spectacles. Norman a réuni plus de 200 000 personnes, Natoo était première des ventes à la Fnac jusqu’à ce que le dernier livre 50 Nuances de Grey la dépasse. A côté de cela, ce qui est intéressant, c’est qu’il y a une nouvelle génération qui pousse derrière, avec des thématiques un peu différentes : la vulgarisation scientifique et historique en sont des exemples. Le grand public connait essentiellement quelques stars et quelques noms, et c’est notre rôle d’accompagner la génération d’après pour les faire connaître au grand public.

D.P : On ne juge pas la qualité ou la pertinence des contenus, on est là pour aider les créateurs à faire ce dont ils ont rêvé : avoir des décors, collaborer avec d’autres gens, utiliser certaines caméras. Que ce soit en musique, cinéma, maquillage, sport, jeux vidéo ou autre, si quelqu’un est confortable en étant installé dans son studio dans sa chambre, très bien. On est simplement là pour qu’il puisse aller encore plus loin, si l’envie est là. Collaborer avec un musicien pour avoir une bande-son sur sa vidéo ou avec un expert en effets spéciaux pour donner une nouvelle dimension à sa vidéo, c’est ce qu’on propose aujourd’hui. Ce sont les YouTubers qui restent maîtres de leurs vidéos et de leur écriture.

-Le YouTube Space vise à créer des contenus de qualité supérieure à ce qui ce faisait jusque-là. Pensez-vous que vous pourriez dès lors entrer en concurrence directe avec d’autres médias comme la télévision ?

D.R : YouTube a toujours été complémentaire d’autres médias. On y trouve plein de fonctionnalités complètement différentes qui n’existent pas dans les médias traditionnels, comme l’interactivité directe avec les créateurs jusqu’à pouvoir influencer les vidéos suivantes, ou encore les données accessibles en temps réel pour savoir tout de suite ce qui marche ou pas. C’est un enrichissement énorme à la créativité, avec un créateur en contrôle total de son contenu.

S.P : Le but du YouTube Space est effectivement de donner des outils aux YouTubers pour leur permettre de passer certains caps pour avoir du contenu encore meilleur qui plaira à encore plus d’internautes, c’est certain. Je pense que, plus qu’un concurrent de la télévision, YouTube est simplement une nouvelle forme de narration, avec une certaine authenticité, passion et interactivité.

-Plusieurs études ont montré que les YouTubeurs étaient aujourd’hui aussi célèbres (voire plus) que les stars issues de l’industrie mainstream auprès des jeunes. C’est surtout le cas aux Etats-Unis, mais peut-on constater cette tendance en France également ?

S.P : Effectivement, aux Etats-Unis, sur les 10 stars préférés des jeunes, 8 étaient des YouTubeurs. Avant, les stars préférées des jeunes étaient des mannequins, des sportifs, des acteurs d’Hollywood. Aujourd’hui, ce sont les YouTubers. On a des stars dans chacune des communautés (humour, beauté, jeux vidéo, sciences). Certaines sont connues par l’intégralité de la population parce qu’elles font partie de catégories plus mainstream, tandis que d’autres attirent des communautés très fidèles et qui interagissent beaucoup. Ces créateurs de contenus donnent l’image d’être beaucoup plus accessibles que les stars plus traditionnelles.

D.R : A partir du moment où des YouTubers ont des centaines de milliers voire des millions de fans qui les suivent tous les jours et qui interagissent avec eux, je pense qu’on peut effectivement parler de stars, même en France. Ce sont des gens qui disposent d’une commaunauté loyale qui va les suivre.

-Quel est l’enjeu autour des YouTubers pour les marques ?

S.P : On sent aujourd’hui un intérêt des marques pour les YouTubers, notamment parce qu’elles voient bien qu’ils sont capables de réunir une communauté et qu’ils sont devenus les égéries d’une certaine génération. Les YouTubers ont aussi des narrations qui leur sont propres, et c’est important. Leur façon de parler, leurs vidéos sur YouTube sont très différentes de ce que vous pouvez voir à la télévision, au cinéma ou encore entendre à la radio. Les marques ont compris qu’ils pouvaient les aider à véhiculer leurs messages. Le plus important, c’est simplement que l’utilisateur soit conscient de ce qu’est une vidéo éditoriale et de ce qu’est une vidéo faite par une marque. On conseille à nos YouTubers d’être clair et explicite sur le sujet. Ce qui fait le succès des YouTubers, c’est l’authenticité de leur discours et le respect de leur communauté. Ils parlent de sujets qui leur parlent à eux, qui leur ressemblent et qui les passionnent, en étant dans une relation directe avec l’internaute.

-Quel est l’enjeu autour du YouTube Space Paris pour Google en France ?

D.R : YouTube et Google ont déjà beaucoup investi en France avec l’Institut Culturel, qui existe depuis quelques années et où on a des artistes contemporains qui sont en résidence et notamment le cardboard pour la vidéo 360 qui a été déployé là-bas. Le YouTube Space est un investissement supplémentaire dans la culture française. D’ailleurs, une collaboration avec l’Institut Culturel est prévue, avec les institutions culturelles qui vont venir et qui vont apprendre à se développer sur YouTube. L’aspect principal, c’est vraiment d’aider les créateurs. Aujourd’hui, plus de 3 millions de créateurs en Europe gagnent de l’argent sur YouTube. On veut qu’il y en ait de plus en plus, qu’ils puissent réinvestir cet argent dans leurs contenus et éventuellement vivre de ces chaînes YouTube. Les YouTubers, ce sont de mini-entrepreneurs qui font tout tout seul. On veut vraiment les aider à réussir. On partage les revenus publicitaires avec eux, à hauteur de 50% des revenus générés par la publicité sur les vidéos.