DISKO, To be or not to be Instagrammable, LA question pour les marques en 2021 (Tribune)

Par Céline Pastezeur - Publié le 30 Avr 2021 à 12:04
Instagram, néfaste pour un jeune sur cinq ?
Être une marque Instagrammable, un impératif pour espérer toucher la jeune génération en 2021 ? Camille Rabel, Chef de projet social media et Influence chez DISKO, se penche sur la question dans une tribune exclusive.

En 2021, impossible de ne pas s’inviter sur Instagram si vous êtes une marque qui cherche à toucher la jeune génération. Tout simplement, le réseau social dédié à l’image s’impose comme étant LA plateforme préférée de la Génération Z. Une plateforme qui fait d’ailleurs le plein de nouveautés pour toujours mieux monétiser ses formats vidéo. Alors, faut-il impérativement être une marque instagrammable pour savoir capter l’attention des consommateurs aujourd’hui ? Camille Rabel, Chef de projet social media et Influence chez DISKO, s’intéresse à la question dans une tribune exclusive.

Nous vivons actuellement dans l’ère de « l’Instagrammable ». Le réseau social du visuel a rapidement développé sa notion du beau : une mise en situation parfaite d’un idéal esthétique. Les tendances, les “trends” naissent désormais directement sur les plateformes Instagram et maintenant TikTok, et sont immédiatement propulsées dans le monde entier.

Qu’il s’agisse de mode, voyage, food… l’esthétique devient primordiale dans notre représentation du monde sur les réseaux sociaux.

Faut-il alors être “instagrammable” pour être digne d’intérêt aux yeux du consommateur ?

La norme de l’esthétique

Ces dernières années, l’expérience client au sein des commerces est pensée avec le design des lieux. Décorateurs et architectes travaillent désormais ensemble pour concevoir des espaces dont l’aménagement et les détails auront un potentiel « Instagrammable » par leur originalité et leur attrait photographique.

Quelles sont nos attentes lors de la découverte d’un lieu ? Une expérience visuelle qui correspond aux codes que l’on intègre au quotidien. La beauté idéalisée fait rêver, et les tendances qui se succèdent nécessitent une réactivité et une adaptation rapides par les marques. À cet égard, l’esthétique Instagrammable est cruciale pour émerger ou survivre parmi les concurrents.

L’impact sur nos modes de vie

C’est notamment dans le secteur de l’alimentation que notre usage des réseaux sociaux a eu un impact majeur. Chaque année, des millions de photos d’aliments et de boissons sont publiées. L’alimentation est devenue centrale dans notre mode de vie et cette tendance a explosé ces dernières années, notamment pour les millenials, sans cesse à la recherche de la photographie parfaite.

Seulement, ce n’est qu’une représentation et cela peut avoir un effet à double tranchant. Ce n’est pas un reflet de la réalité, et nombreux sont les influenceurs à partager des régimes alimentaires “healthy” sans l’avis de nutritionnistes qui sont parfois dangereux pour la santé et dont les plus jeunes followers peuvent suivre l’exemple aveuglément.

Aujourd’hui, toutes sortes d’établissements alimentaires envisagent différemment la présentation de leurs plats, de leurs produits, dans les moindres détails.

Ainsi, de nombreux restaurants, cafés et hôtels ont fait leurs preuves auprès des utilisateurs, car ils sont reconnus pour l’esthétique de leurs plats ou le design et la décoration des lieux. Exemple : le café Ob-la-di à Paris qui nous permet de prendre en photo un café où la crème prend la forme d’un cœur ou divers motifs.

Des effets bénéfiques, mais pas que

L’hôtellerie aussi change pour garantir une expérience “unique”. Du côté de Airbnb, on met en avant les appartements les plus esthétiques (selon les tendances du moment) aux décorations originales dès la page d’accueil. Qu’importe où il se trouve, c’est le logement qui compte lors du séjour. Le but est de reproduire les images aperçues sur nos fils d’actualités, les mêmes qui nous ont donné envie de voyager.

Instagram influence également notre choix de destinations touristiques. Exit les guides, la sélection des prochaines vacances se fait directement sur le réseau social. L’intérêt de la destination ? Les clichés de rêve à réaliser avec un rendu professionnel, impeccable et glamour qui ne reflète pas toujours la réalité du voyage. En mars 2019, un tapis de fleurs colorées a vu le jour sur les terres de la Californie. Une ruée de touristes sont arrivés sur place pour faire leur photo. Seulement cette invasion touristique a entraîné de nombreux dégâts dont notamment la destruction du lieu et une gêne environnante pour les locaux. De nombreuses personnes sont prêtes à se rendre dans un lieu juste pour faire LA photo et cela peut parfois détruire tout un écosystème ou encourager le tourisme de masse qui est très nocif pour la planète.

Cependant, contrairement à une brochure, Instagram permet de bénéficier d’une représentation plus personnelle d’un endroit. Le voyage n’est plus réservé aux globe-trotteurs, mais devient accessible à tous ceux qui veulent reproduire une expérience similaire à celle vue sur les réseaux sociaux.

D’autres lieux, plus atypiques, ont répondu aux sirènes de l’Instagrammable comme les musées. Ils se réinventent aujourd’hui pour proposer des expériences inédites et attractives avec des lieux pensés pour offrir un maximum de décors photogéniques à partager. Pour illustrer cet exemple nous avons le musée parisien “Mad Dimension” qui est un lieu 100% immersif où l’œuvre d’art devient finalement le cliché que nous réalisons à partir des installations mises en place.

La mode n’est pas épargnée non plus. Le streetwear, la tendance pastel, le vintage, ces différents styles se démocratisent à grande vitesse et sont aussitôt adoptés par les utilisateurs. Si bien qu’il est impossible de passer à côté des nouvelles tendances modes et ses façons de les consommer (ex : essor des marques éthiques, du seconde-main).

L’authentique est mort, vive l’authentique ?

Paradoxalement, à l’ère de l’authenticité et du naturel, la beauté “non filtrée” est tout de même saluée et encouragée. Le règne de la perfection, celui de l’esthétique propre à Instagram, suscite désormais des réactions négatives, et nombreux sont ceux qui souhaiteraient y mettre fin. Diverses marques ont intégré un mode de publicité 100% naturel en ayant pris la décision de ne plus retoucher leurs mannequins photos. La Roche-Posay a notamment lancé une campagne publicitaire pour ses produits contre l’acné avec des portraits de personnes non retouchées et atteintes de différents types de problèmes de peau parfois sévères. Un peu comme les pubs d’épilations où l’on aperçoit enfin quelques poils, ce type de sensibilisation permet au consommateur de se reconnaître davantage.

Entre autres, de nombreux challenges ont vu le jour comme le “stop photoshop” de TikTok qui encourage les jeunes influenceurs à montrer l’envers du décor, les “défauts” physiques qu’ils ne montrent pas au travers de leurs vidéos.

Dans le monde entier, nous avons intégré des mises en scène glamour et images de la beauté irréaliste, mais un désengagement progressif peut être observé sur ce type de clichés. Il y a un réel désir de “vrai”, d’imperfection et de singularité et la notion d’esthétique, d’”instagrammable” change en continu.

Le style Instagrammable n’est pas culturel, il est universel et en perpétuel mouvement.