Guillaume Rostand (Liligo), « Un sentiment de revenge travel émerge chez les jeunes » (EXCLU)

Par Céline Pastezeur - Publié le 09 Juin 2022 à 12:16
guillaume rostand
Pour l'interview de la semaine, Guillaume Rostand, CMO chez Liligo, répond à nos questions pour chercher à mieux comprendre comment la jeune génération prévoit de voyager cet été.

À quoi promettent de ressembler les vacances d’été de la jeune génération ? On l’a vu récemment, plus de la moitié des moins de 35 ans ont l’intention de partir en vacances cet été. Mais vers quelles destinations, avec quel budget (à l’heure où bien des jeunes se disent inquiétés par l’inflation) et dans quel état d’esprit ? Guillaume Rostand, CMO chez Liligo, répond à nos questions sur le sujet.

crédit photo : liligo

-Air of melty : Vous avez récemment publié une étude qui montre que près de 6 jeunes sur 10 ont l’intention de partir en vacances cet été. Peut-on dire que les voyages sont une priorité pour cette cible ?
Guillaume Rostand, CMO chez Liligo : Les jeunes, pour la plupart épargnés par les formes graves du Covid, se sont sentis nettement plus pénalisés que leurs aînés par les multiples confinements et restrictions mises en place en matière de déplacements. Maintenant que la situation sanitaire se stabilise, un sentiment de revenge travel émerge chez cette population qui souhaite rattraper le temps perdu et voyager à nouveau. Dans ce contexte, 65% des 18-24 ans et 44% des 25-34 ans ayant l’intention de voyager cet été prévoient notamment de partir à l’étranger ; c’est 23 points de plus et de 2 points de plus que la moyenne observée sur toutes les tranches d’âges confondues.

-Air of melty : Vous venez de le dire, un grand nombre de 18-35 ans prévoient de se rendre à l’étranger pour leurs vacances. Qu’est-ce que cela nous dit sur cette génération ? Il y a une profonde envie de découverte, de dépaysement ? Quelles destinations privilégient-ils ?

G.R : Cette surreprésentation des jeunes parmi les voyageurs désireux de partir à l’étranger montre l’ouverture de cette génération ultra connectée sur le monde. Les voyages se sont largement démocratisés ces 10 dernières années et, dans ce contexte de mondialisation, les offres se sont multipliées en matière de déplacements, d’hébergements et d’activités, donnant des envies d’ailleurs aux nouvelles générations soucieuses de découvrir différentes cultures et différents modes de vie.

-Air of melty : Nombreux sont aussi les jeunes qui prévoient de prendre l’avion pour aller en vacances. Or, on parle souvent de la jeune génération comme étant engagée sur le plan de l’écologie. Peut-on dire que les jeunes sont assez contradictoires dans leur manière de consommer ? Ou cherchent-ils réellement à miser sur des voyages plus éco-responsables ?
G.R : Si les jeunes sont plus sensibles aux enjeux écologiques, ils ne sont pas prêts pour autant à renoncer aux opportunités de voyages qui s’offrent à eux. Loin de se montrer contradictoires dans leur manière de consommer, et même si le prix reste un facteur déterminant dans le choix du moyen de transport, ils vont avoir tendance à se tourner vers des modes de transport alternatifs comme le train, le bus ou le covoiturage lorsque ces options sont possibles et privilégier l’avion pour de plus longues distances. Ils se montrent également de plus en plus sensibles aux engagements des compagnies aériennes en matière de réduction des émissions, privilégiant les vols justifiant d’émissions limitées.

-Air of melty : Globalement, que pouvez-vous nous dire sur le budget accordé par les jeunes pour leurs vacances ? Existe-t-il de grandes différences entre les 18-24 ans et les 25-34 ans ? A quoi est essentiellement dédié ce budget ?
G.R : Le budget vacances accordé par les 18-24 ans ayant l’intention de voyager cet été est de 585€ par personne en moyenne, transport, logement, repas et activités comprises, contre 740€ pour les 25-34 ans ; un budget 2 à 3 fois moins élevé que celui des plus de 50 ans. Aussi, le coût du transport pèse plus lourd dans la balance et la sensibilité au prix est plus forte chez cette jeune génération. A cet âge, les activités sur place comptent plus que le transport et l’hébergement, auxquels sont plus sensibles les voyageurs plus âgés.

-Air of melty : La baisse du pouvoir d’achat due à l’inflation a un impact sur les réservations des Français. À quel point est-ce vrai pour les jeunes ?
G.R : La baisse du pouvoir d’achat due à l’inflation impacte 74% des 18-24 ans et 85% des 25-34 ans ayant l’intention de voyager cet été contre 72% de la population générale, toutes tranches d’âges confondues. Une tendance pour laquelle les jeunes sont donc surreprésentés par rapport aux plus âgés qui sont respectivement 66% des 50-64 ans et 64% des plus de 65 ans à déclarer un impact.

-Air of melty : Enfin, globalement, comment voyez-vous évoluer les vacances des jeunes Français au cours des mois et des années à venir ? À quoi ressembleront leurs voyages ?
G.R : On s’attend, dès les prochains mois, à recouvrer les niveaux d’avant crise en matière de voyages, notamment grâce aux plus jeunes soucieux de reprendre une vie normale et de laisser derrière eux ces deux années de restrictions. Si l’on peut s’attendre, dans un souci écologique, à un intérêt grandissant pour les modes de transport alternatifs comme le train, le bus ou le covoiturage au détriment de la durée des trajets, la sensibilité au prix devrait rester significative tant que perdureront les effets de la crise sur l’inflation. Aussi, les compagnies de train et de bus vont devoir proposer des offres compétitives et l’ouverture à la concurrence devrait permettre de dynamiser ce secteur, notamment vers l’Europe limitrophe. En parallèle, on s’attend à une explosion des offres de vols à mesure que le monde continue de rouvrir ses frontières afin de répondre à une demande qui ne cesse de s’accroître au fil des mois et à un regain d’intérêt pour l’étranger.