Instagram Stories, une nouvelle fonctionnalité qui nous en dit beaucoup sur les envies des jeunes, vers la fin de la tyrannie du like ?

Par Céline Pastezeur - Publié le 10 Août 2016 à 06:05
Instagram : Canva, nouvel atout pour donner plus de puissance à vos Stories
La semaine dernière, Instagram présentait sa nouvelle fonctionnalité, Instagram Stories, clairement inspiré du fonctionnement de Snapchat, avec des échanges de contenus éphémères. Mais, qu'on se le dise, au-delà de s'inspirer de l'appli phénomène du moment, Instagram Stories met en lumière une véritable tendance sociétale : la fin de l'ère du like.

Snapchat et Instagram, même cible, même combat en 2016 ! Il y a quelques jours, la rédaction d’Air of melty vous faisait savoir que, à l’heure actuelle, selon une étude signée Jumpshot, Snapchat serait plus fort qu’Instagram auprès des Millennials, avec un développement plus rapide et plus mondial. Pour autant, tout laisse actuellement à penser qu’Instagram, qui vient de passer le cap des 500 millions de membres actifs sur son service, est en grande forme, tant auprès des jeunes qu’auprès des marques, comme en atteste la récente campagne lancée par la Banque Postale, #TALENTBOOSTER, pour soutenir les projets des jeunes. Mais cela ne semble pas suffir à l’application de photos détenue par Facebook, qui a inauguré une petite révolution au début de ce mois d’août 2016 : on vous en a parlé, Instagram est passé en mode Snapchat, avec une nouvelle fonctionnalité éphémère permettant aux mobinautes de partager des contenus photo et vidéos avec leur communauté pendant 24 heures. Et, qu’on se le dise, au-delà de s’inspirer (ouvertement) de LA plateforme qui fait sensation auprès des jeunes en cette année 2016, cette petite révolution opérée sur l’application Instagram répond à une nouvelle attente forte de la jeune génération : le partage de contenus sans se laisser noyer par l’envie (voire même le besoin) de likes. Nous vous en avons déjà parlé, sur Facebook et Instagram, les jeunes qui postent des contenus attendent et espèrent enchaîner les likes, tandis que, sur Snapchat, où tout est plus flou, connaître le nombre de personnes ayant visionné vos snaps compte beaucoup moins. Instagram entend aujourd’hui rejoindre cette mentalité, plus saine.

Avec Instagram Stories, impossible de liker les contenus éphémères partagés, et c’est une volonté affirmée de Kevin Systrom, le PDG de l’application, qui s’est justifié dans le Wall Street Journal, évoquant une « volonté d’échapper à la tyrannie du like », comme l’analyse Vincent Glad sur le blog du journal Libération. « On a besoin d’avoir un endroit où on peut se sentir libre de poster ce qu’on veut sans cette peur constante de savoir si quelqu’un a liké ou pas. Cette absence de feedback est importante pour Instagram parce que cela offre un contrepoint au fil d’actualités, un espace extrêmement stressant où tout tourne autour de cette question : est-ce que j’ai eu assez de likes ? ». En effet, on remarque aujourd’hui une tendance à la suppression de contenus par les jeunes, dès lors qu’ils estiment que ceux-ci n’ont pas reçu assez de likes ou de commentaires : plutôt faire disparaître un cliché que de laisser sous-entendre que je ne suis pas assez populaire, en somme. D’après une enquête interne citée par le Wall Street Journal, certains jeunes iraient même jusqu’à retirer en douce la moitié de leurs photos, déçus par le faible nombre de cœurs. « L’enjeu pour l’application est de récupérer ces contenus jugés trop moyens pour être instagramés et qui partent ainsi sur Snapchat, le réseau de l’ordinaire, de la vie qui coule sans soulever les applaudissements de la foule. Si le succès est au rendez-vous, on imagine que la maison-mère Facebook pourrait s’en inspirer alors que le site est confronté à une crise de la production de contenus personnels », explique Vincent Glad. L’ère des likes serait-elle alors sur le point d’être révolue ? En tout cas, c’est un fait, la nouvelle fonctionnalité d’Instagram, qui laissait le grand public (très) mitigé au moment de son lancement, commence finalement à séduire. Preuve qu’il existe une véritable demande du côté de la jeune génération. Une demande de toujours plus d’authenticité, de transparence et de spontanéité.