Jam, “Chez les jeunes, il y a un lien fort entre la fréquence de voyage et la sensibilisation à l’écologie” (EXCLU)

Par Céline Pastezeur - Publié le 30 Jan 2020 à 12:17
Le « workation », une tendance qui séduit les Millennials ?
Voyager sans polluer, c’est possible ? Si le challenge s’avère très compliqué, les jeunes Français sont de plus en plus nombreux à vouloir relever le défi. C’est ce qu’a récemment mis en lumière une étude signée Jam et Allianz Travel, décryptée en exclusivité par Monelle Barthelemy, VP Opérations & Marketing chez Jam.

En 2020, comme en 2019, la jeune génération promet de prendre le large. La rédaction d’Air of melty vous en parle régulièrement, la jeune génération adore voyager. Actuellement, on estime que 6 jeunes sur 10 voyagent au moins 3 fois par an. Des voyages qui prennent de plus en plus une autre dimension en devenant de plus en plus éco-responsables. C’est ce qu’a récemment révélé une étude signée Jam et Allianz Travel s’intéressant aux 15-25 ans. Aujourd’hui, Monelle Barthelemy, VP Opérations & Marketing chez Jam, répond à nos questions pour évoquer en détail la jeune génération globe-trotter et engagée.

-Air of melty : À l’heure actuelle, peut-on dire que les jeunes font du voyage l’une de leurs priorités au quotidien ?

Monelle Barthelemy, VP Opérations & Marketing chez Jam : On est effectivement face à une génération qui voyage énormément. La quasi totalité des jeunes (90%) voyagent aujourd’hui hors de métropole, dont 43% fréquemment. Cela montre bien leur mobilité et l’importance que le voyage occupe dans leur vie.

-Air of melty : En quoi leur manière de voyager est-elle en train d’évoluer aujourd’hui ? Quels sont concrètement les éléments qu’ils cherchent à réinventer pour respecter davantage l’environnement ?

M.B : L’étude de Jam s’attachait à comprendre comment aujourd’hui des jeunes qui voyagent énormément et qui se disent très engagés pour l’environnement concilient ces deux choses, à l’heure où le voyage peut être un secteur qui pollue beaucoup (transports, détérioration des coraux à cause de la plongée en masse, etc.). Pour cette génération, il est hors de question d’abandonner l’un pour l’autre. On est engagé pour la planète et, en même temps, le voyage est tellement important dans notre vie que l’on ne veut pas y renoncer. On veut plutôt une façon de concilier les deux en réinventant nos pratiques de voyages, en accord avec nos valeurs. Cela passe d’abord par réduire l’empreinte écologique sur place. Certaines choses sont incompressibles, comme par exemple le voyage en avion pour aller dans une destination lointaine : personne n’a trois mois de vacances pour y aller à pied. Sur certains points, les jeunes sont donc très pragmatiques. Par contre, ils cherchent à compenser une fois sur place. C’est ce qu’ont répondu 51% des jeunes sondés. Cela passe par quatre grands points qui sont l’écho des campagnes de mobilisation qui influencent beaucoup les jeunes sur les réseaux sociaux notamment : 1/ Les déchets, avec le zéro-déchet qui est vraiment un mot-clé pour cette génération. En voyage, c’est assez simple à mettre en place, avec beaucoup de jeunes qui nous ont par exemple expliquer utiliser du shampoing solide ou une gourde. Ce sont de petits gestes qui permettent de réduire son empreinte écologique localement. 2/ Eviter les activités où les animaux sont exploités (balades à dos d’éléphant, animaux dans les zoos) : on veut voyager sans faire du mal à l’éco-système. 3/ Consommer 100% local sur place : on coupe avec ses habitudes en n’éxigeant par exemple pas du camembert alors qu’on est en Asie pour ne pas faire marcher les exportations. 4/ Opter pour un logement écologique (écolodge, tentes) qui ne consomme pas trop d’eau et qui pollue le moins possible. Aussi, sur place, au niveau des transports, les jeunes font de gros efforts pour polluer moins en optant pour des vélos, la marche à pied et les transports en commun. Cela correspond bien aussi à une génération qui voyage souvent avec un budget limité. Enfin, un certain nombre de jeunes optent pour la compensation des émissions carbone, au moment de l’achat d’un billet d’avion. Ils sont 10% à dire que ça pourrait être une super première étape pour continuer de voyager loin. Les jeunes sont dans l’action, à leur échelle.

-Air of melty : 34% des jeunes disent que leurs voyages les incitent à changer et à être plus responsables une fois rentrés chez eux. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

M.B : On s’est demandé s’il y avait un lien entre la fréquence de voyage et le comportement responsable. On a constaté que plus on voyage et plus on est sensibilisé à la beauté de la planète et à la nécessité de la préserver. Énormément de témoignages disent que les voyages permettent d’ouvrir les yeux sur le tri des déchets dans les pays en voie de développement par exemple, et de voir à quel point il est donc important de continuer à améliorer le tri pour préserver la planète. D’autres jeunes disent avoir vu des sites naturels magnifiques qu’ils veulent préserver au maximum. Il y a donc un lien assez fort entre la fréquence de voyage et la sensibilisation à l’écologie, qui passe par des actions, non seulement dans la manière de voyager mais aussi au retour. Le voyageur rapporte ses connaissances et sa prise de conscience de son aventure chez lui. Les voyages peuvent être des déclencheurs : une jeune femme qui s’est lancée dans un tour du monde d’un an a été choquée par les déchets dans la nature. À son retour, elle est devenue zéro-déchet. Elle a aussi vu la pauvreté. Son voyage a été l’occasion de réaliser que l’on vit dans l’opulence et dans une société de surconsommation. Cela permet d’ouvrir les yeux sur des pratiques plus simples et plus responsables, comme le fait d’acheter d’occasion ou acheter moins. Enfin, le voyage peut avoir un impact sur l’alimentation. Cela peut être l’occasion d’une prise de conscience sur la consommation de viande, sur la manière dont on traite les animaux. Pour chacun, le voyage est une inspiration et un moyen de réfléchir sur ses pratiques.

-Air of melty : À l’heure où plus d’un quart des 18-25 ans (26%) se disent prêts à payer plus cher pour un acteur du tourisme et des transport qui s’engagent pour la planète, quel est le message que les marques doivent entendre ?

M.B : Pour aboutir à ce chiffre, on a posé deux questions aux jeunes sondés. On a commencé par leur demander s’ils privilégiaient les acteurs engagés pour l’environnement en priorité. Globalement, c’est le cas. On le sait, il y a une attente forte des jeunes pour que les marques s’engagent. Mais un acteur qui s’engage et qui adopte des processus ou qui mise sur des produits éco-responsables coûte souvent plus cher. On se doutait bien que, dans les grandes lignes, chacun privilégie les acteurs engagés. Mais qui est réellement prêt à payer plus cher ? On a été réellement étonné de voir qu’un quart des jeunes sont prêts à le faire. C’est énorme, surtout pour une population qui fait attention à son budget quand elle voyage. Il s’agit d’une population qui cherche souvent les meilleurs prix mais qui est prête à faire un effort pour préserver la planète, donc c’est très intéressant. Au-delà de ces 26%, on a aussi 60% de jeunes qui disent ne pas être toujours prêts à payer plus cher pour un acteur du tourisme engagé. Cela montre donc bien qu’il y a un réel engagement. Pour les marques, cela envoie un message fort : il y a un marché. Il ne faut pas simplifier à l’extrême en imaginant que les jeunes ne veulent que du low-cost. C’est faux. Ils sont jeunes, ils préfèrent le low-cost mais ils sont sensibles à cette valeur d’engagement et de responsabilité. Si la marque est transparente, s’ils comprennent pourquoi ils paient plus cher, s’ils jugent que c’est utile, alors ils sont prêts à payer plus cher. Il faut donc bien construire cette offre là. S’il s’agit simplement de verdir son image, ça ne fonctionnera pas. Cette génération est en quête de choses concrètes. Ce n’est pas un hasard si les jeunes sollicitent autant les petits gestes pour protéger la planète : ce sont des gestes qui leur permettent de dire qu’ils font concrètement quelque chose.

-Air of melty : Comment voyez-vous les secteurs du voyage et du tourisme évoluer au cours des prochains mois/années ?

M.B : Ce que l’étude, réalisée à la demande d’Allianz Travel, nous montre c’est que les 15-25 ans ont des attentes fortes sur un voyage plus responsable. L’autre grande tendance est le passage de l’ère du « selfie insta » à celle de « l’expérience » (qu’on peut partager en story). Même si c’est schématique, on observe une envie d’authenticité de plus en plus forte. Les jeunes cherchent à se sentir intégrés dans le pays qu’ils visitent, pas seulement avec une étiquette touriste.