Les Millennials, dégoûtés du télétravail à cause du confinement ?

Par Céline Pastezeur - Publié le 03 Sep 2020 à 10:04
Emploi : 3 jeunes sur 4 s’ennuient au travail, génération « bore out » ?
Le télétravail imposé pendant la crise sanitaire a-t-il chamboulé les envies des jeunes en matière de méthode de travail ? Ces dernières semaines, études et experts ont montré que les 18-35 ans n'avaient pas forcément bien vécu le télétravail pendant le confinement. De quoi les en dégoûter définitivement ?

Et si la période de confinement avait tout changé quant aux attentes des 18-35 ans sur le marché de l’emploi ? Il y a quelques semaines, une étude menée par Deskeo avait montré que 71% des 18-35 ans voulaient faire plus de télétravail après le confinement, contre 62% de l’ensemble des Français. Une décision qu’ils justifiaient par le fait ne plus vouloir perdre trop de temps dans les transports (32%), devant le fait d’être au calme pour se concentrer (31%), le fait de pouvoir s’organiser comme ils l’entendent (23%) et enfin le fait d’avoir plus de temps pour les loisirs et les proches (8%). Pourtant, plus récemment, lors d’une interview, Julia Bizer et Jean-Baptiste Aloy, Partners chez Augmented Talent, nous parlaient du fait que la jeune génération a en réalité mal vécu la longue période de télétravail, à cause d’un « besoin de collectif fondamental » qui n’est pas forcément compabible avec cette façon de travailler. D’ailleurs, selon une récente étude, ce sont les plus jeunes qui expriment le plus de ras le bol quant au télétravail. Alors, qu’en est-il réellement en cet été 2020 ? Les jeunes sont-ils heureux ou malheureux en télétravail ?

Et bien, en réalité, il est facile de répondre à cette question : en 2020, les 18-35 ans sont toujours attirés par le télétravail…mais à condition que celui-ci soit choisi et à condition, souvent, qu’il se fasse à petite dose. Comme l’a expliqué Laëtitia Vitaux, experte du monde du travail et des organisations, au site L’ADN, « On ne peut pas parler du télétravail comme si la situation était normale. Certaines personnes ont été confinées dans des lieux terribles, rien n’a été préparé, et dans la majorité des cas, on n’a pas eu le temps de faire l’audit du matériel à disposition ». Dans ce contexte, il est peu étonnant que les jeunes actifs, parfois isolés seuls dans des petits logements ou alors confinés en famille de retour dans leur chambre d’ado peu adapté au monde du travail, aient eu du mal à se sentir bien dans leur nouvel environnement professionnel imposé…et inflexible alors qu’eux vantent notmalement le télétravail justement pour son côté flexible et la liberté qu’il peut apporter. Comme le rappelle l’experte, « faire du télétravail en temps normal, c’est organiser sa journée comme on l’entend ». Or, il était impossible de le faire pendant le confinement puisque les options de temps libre et de déplacements étaient très limitées. Aussi, il faut rappeler que, globalement, les jeunes ont vécu une période très compliquée, avec des rapports humains limités qui ont beaucoup pesé sur leur moral. Dans un tel contexte, il est possible que certains Millennials soient donc dégoûtés du télétravail…mais ce dégoût n’est certainement que très temporaire ! C’est d’ailleurs pour cela que les 18-35 ans se disent prêts à continuer le télétravail une partie du temps même après la crise sanitaire : ils se sont rendus compte que cette manière de travailler a du bon, quand elle est voulue et quand elle ne représente pas la normalité quotidienne du travail. L’experte en est convaincue : le télétravail fera partie de notre manière de travailler à l’avenir, et les plus jeunes seront les premiers à le réclamer !