Paiement mobile : LYDIA, « Les échanges d’argent pour les jeunes sont compliqués, on doit les simplifier » (EXCLU)

Par Céline Pastezeur - Publié le 05 Mar 2015 à 10:02
Le paiement mobile, c’est so 2015 !
Selon plusieurs études récentes, les moins de 35 ans seraient très ouverts à l'idée d'effectuer leurs transactions de la vie quotidienne en utlisant leur téléphone portable, qu'ils ont toujours à portée de main, contrairement à leur portefeuille ou à leur carte de crédit. Rencontre aujourd'hui avec Cyril Chiche, Président Cofondateur de LYDIA, alias "l'application française de paiement mobile préférée des 18-30 ans". Interview Exclu.

Le paiement via le mobile, c’est indéniablement une tendance forte en 2015, et nombreux sont les acteurs qui souhaitent en profiter aujourd’hui. Il y a quelques semaines, Air of melty vous parlait du fait que Mastercard affirmait son intention d’investir prochainement dans les paiements biométriques. La semaine dernière, nous vous présentions d’autre part LYDIA, l’application de paiement mobile qui a déjà conquis les jeunes, avec 65 000 utilisateurs ayant entre 18 et 30 ans, sur un total de 75 000 utilisateurs à l’heure actuelle. Un succès notamment dû à une forte présence de LYDIA sur les campus universitaires, avec le cap des 100 campus dépassé cette semaine. Cyril Chiche, Président Cofondateur de LYDIA Solutions, nous a accordé une interview exclusive pour nous présenter l’outil qui s’est invité dans les habitudes des jeunes.Les jeunes et le mobile, une grande histoire !

-Avant même de parler de LYDIA, peut-on dire que les jeunes sont aujourd’hui prêts pour le paiement via le mobile ? Témoignent-ils d’une véritable envie aujourd’hui ?

Bien sûr qu’ils sont prêts. Ceux qui ne se sentent pas prêts à payer avec leur mobile, c’est juste qu’ils n’en ont pas encore eu l’occasion et donc ils n’y voient pas (encore) d’intérêt. Si on leur donne un intérêt objectif, si ça leur rend service au quotidien, les jeunes n’hésitent pas à payer avec leur mobile. Les jeunes n’ont pas peur, ni du mobile, ni de la carte bancaire. Alors, combiner ces deux outils, c’est quelque chose qui pourrait générer des interrogations pendant 10 secondes pour ensuite une expérience parfaitement maîtrisée et appréciée ! Le souci est que, en France, on communique depuis des années sur le paiement mobile en partant du principe que c’est une histoire de technologie. Or, ce n’est pas une histoire de technologie, ou pas que ça : une technologie n’est légitime que quand elle résout un problème, quand elle est utile. Les jeunes n’ont pas envie de payer avec leur mobile pour le plaisir de la technologie, mais parce que, c’est indéniable, ça leur simplifie la vie pour des achats du quotidien comme pour des remboursements entre amis !

-En quoi le rapport des jeunes à l’argent est différent de celui de leurs aînés ?

Le but de Lydia, c’est de simplifier la vie des gens et, le paiement par mobile participe à cette simplification, c’est le genre de solutions que recherchent les étudiants aujourd’hui. C’est pour ça qu’on a commencé l’aventure avec eux. Ce qu’on essaie de faire est très compliqué, on change les habitudes des gens sur un sujet sensible qu’est l’argent. Donc, pour le faire, il vaut mieux commencer avec des gens qui n’ont pas beaucoup d’habitudes. On s’est rendu compte que dans le quotidien des étudiants, et des jeunes en général, il y a une quantité de situations dans lesquelles les échanges d’argent étaient problématiques. Par exemple, mes parents doivent m’envoyer de l’argent alors que je ne vis plus chez eux, et un virement prendra au moins deux jours à être effectif; on n’arrête pas de s’échanger et de s’emprunter de l’argent entre copains ou entre colocs et on ne sait plus comment se rembourser mutuellement; j’ai envie d’un Coca à la cafet mais je n’ai pas de monnaie sur moi, beaucoup de ces situations devraient être plus simples à régler. Les paiements, les échanges d’argent pour les jeunes sont compliqués, même en France et même en 2015 ! Notre ambition est de régler tous ces problèmes que l’on constate au quotidien.

-Vous comptez aujourd’hui 75 000 utilisateurs, dont 65 000 de 18-30 ans. Comment les avez-vous attiré sur le service ? Comment leur avez-vous montré l’utilité de LYDIA ?

Concrètement, on a commencé de manière très basique, en allant voir un BDE, en se disant qu’il y avait deux situations principales dans lesquelles les étudiants dépensent de l’argent : les échanges d’argent entre particuliers (amis, parents) et les dépenses sur les campus. On a commencé par développer une application qui permettait de faire ces deux types de transactions mais il nous fallait des professionnels prêts à jouer le jeu : les BDE, qui stockaient jusque-là l’argent récolté dans une boîte en fer, dans laquelle il n’y avait jamais le compte au final. Le vol, c’est un problème classique des espèces. On avait un problème concret à résoudre, c’était une bonne nouvelle ! Pour les BDE, c’était tentant ! Et ce sont donc ces BDE qui ont commencé à inciter les étudiants à les payer de cette nouvelle manière, qui s’est peu à peu intégrée dans les habitudes des jeunes.

-Ces jeunes ont-ils tout de suite fait confiance à ce nouveau système de paiement ?

Ils nous ont fait confiance parce qu’ils étaient justement dans une situation de confiance. Si un jeune voit une publicité à la télévision lui disant que « Lydia, c’est super génial et révolutionnaire », il garde de la distance parce que ça fait dix ans qu’on lui parle du paiement mobile et qu’il n’en connaît pas plus. Mais si son frère, sa soeur, son médecin ou son vendeur de sandwich lui propose de régler de cette façon et lui montre comment s’y prendre, il va davantage s’y intéresser et davantage faire confiance. La personne qui lui parle est un tiers de confiance infiniment plus fort que ce que peut être Lydia au départ. Notre travail, ça a été d’avoir comme relais des tiers de confiance forts.

-En quoi le paiement par mobile répond-il à la demande d’instantané si réclamée par les jeunes ?

On est dans une révolution, qui va au-delà du paiement mobile. La révolution c’est celle du Cloud/Mobile qui fait que, ces dernières années, la valeur qui se trouvait auparavant dans la possession d’un bien physique est passée dans le fait d’accéder au contenu du bien de manière permanente, immédiate et où que je sois. En l’occurrence, en ce moment, c’est via l’écran de mon mobile parce que c’est que j’ai dans ma main la plupart du temps. Demain, ce sera peut-être avec des implants, des wearables, des supports toujours plus personnels et plus instantanés. Cette révolution touche aussi le domaine bancaire et financier. Une des manifestations, c’est le paiement mobile. Ce qui intéresse tout le monde, ce n’est pas de payer avec le mobile, c’est d’avoir un accès permanent et simple à son argent, quel que soit l’usage. Aujourd’hui, il n’existe pas de système de paiement qui vous permette de régler toutes les transactions. Le concept de Lydia, c’est vraiment de simplifier la vie des gens pour tout ce qui relève des échanges d’argent et, finalement, retrouver cette universalité d’usage de la monnaie qui a disparu avec tout le raffinement des moyens de paiement.

-Comment prévoyez-vous de vous développer auprès de cette cible cette annnée ?

On est très concentré sur cette jeune population. On a su créer de nouvelles habitudes sur les campus, l’habitude LYDIA : les étudiants en sont arrivés à se dire aujourd’hui « Fais moi un Lydia », pour parler de leurs transactions. On est en train de transformer LYDIA en nom commun, on est devenu un réflexe ! Notre objectif n’est pas d’être l’application la plus belle ou la plus technologique du monde, mais l’application la plus pratique. Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est d’être en capacité de couvrir le plus vaste champ de situations de dépenses. Aujourd’hui, on couvre bien les campus et les échanges d’argent entre particuliers, mais on ne dépense pas que dans ces situations-là. Depuis fin 2014, on commence à travailler avec de grandes enseignes et des acteurs du e-commerce pour étendre les cas d’usages. Ce sont des choses qui démarrent : Guess a ce système installé dans une dizaine de boutiques dans le sud de la France, La Pataterie a décidé de déployer ce système dans son réseau, et plein d’autres enseignes devraient suivre et rejoindre le mouvement car elles ont compris que les jeunes avaient choisi LYDIA.

-Quid de la communication ?

Pour l’instant, on a surtout communiqué sur les campus. On s’est montré un petit peu actif en ligne, sur les réseaux sociaux, mais on n’a pas encore vraiment mis le paquet là-dessus. C’est le projet pour 2015 ! On a une phrase qui est très ancrée dans l’ADN de l’entreprise (et sur les murs de l’entreprise d’ailleurs), c’est « Work hard in silence, let success be your voice ». On travaille dur en silence et on laisse le succès faire le bruit pour nous. On croit vraiment que notre meilleure publicité, c’est votre pote qui vous dit « Fais moi un LYDIA ». Lui a gagné, nous aussi, et vous êtes converti !