Social Media Marketing : Senscial, « Les jeunes sont plus que jamais en recherche de sens et de relations » (EXCLU)

Par Céline Pastezeur - Publié le 07 Mar 2019 à 12:38
Social Media Marketing : Senscial, « Les jeunes sont plus que jamais en recherche de sens et de relations » (EXCLU)
À l'heure où les réseaux sociaux occupent une grande place dans la vie des Millennials, Candice Robillard, SVP et co-fondatrice de Senscial, un réseau social d'un nouveau genre, nous explique tous les changements qui sont en cours. En route vers toujours plus d'authenticité et de qualité !

En 2019 comme en 2018, le Social Media Marketing promet de rythmer le quotidien de tous ceux qui souhaitent communiquer auprès de la jeune génération. C’est bien simple, que ce soit sur Snapchat, Facebook ou Instagram, les Millennials passent beaucoup de temps chaque jour sur les réseaux sociaux. Et ce n’est pas l’émergence de nouvelles plateformes qui va changer cela. À moins que… Aujourd’hui, Candice Robillard, SVP et co-fondatrice de Senscial, alias le réseau social qui invite les jeunes à rester connecté d’une nouvelle façon, décrypte avec nous le rapport des Millennials aux réseaux sociaux. Un rapport en pleine transformation.

-Air of melty : Avant toute chose, pouvez-vous vous présenter et présenter Senscial en quelques mots ?

Candice Robillard, SVP et co-fondatrice de Senscial : Senscial est un nouveau concept original qui permet d’envoyer, pour des occasions particulières ( l’anniversaire de votre meilleure amie, le mariage de votre meilleur pote, la fête des mères, etc.) des messages vidéo ou photo à une date future que vous choisissez. L’idée est d’offrir à ceux qu’on aime de se remémorer un bon moment. Un peu à la manière des souvenirs sur Facebook mais, avec Senscial, c’est vous qui les choisissez et qui choisissez à l’avance à qui vous allez faire plaisir. À la grosse différence des autres réseaux sociaux, le fait d’envoyer vers le futur permet de faire un tri naturel. Autant sur les réseaux on est dans l’éphémère, autant dans Senscial vous conservez l’essentiel dans un coffre émotionnel intelligent. Intelligent comment ? Au fur et à mesure de votre utilisation son algorithme comprend ce que vous préférez partager et avec qui et vous suggère des occasions pour envoyer des messages.

-Air of melty : Aujourd’hui, la consultation des réseaux sociaux est l’une des activités préférées de la jeune génération. Pourquoi ? Quel lien les Millennials ont-ils avec les réseaux sociaux ?

C.R : Le terme millenials englobe un groupe important de jeunes entre 18 et 35 ans. Ils n’ont évidemment pas les mêmes comportements à 18 et 35 ans. Par contre, ce qui les définit tous, c’est qu’ils sont très à l’aise avec le digital, les smartphones, les applications et les réseaux sociaux. Ils ont grandi avec, contrairement aux générations précédentes. Ils ont aussi un rapport assez pragmatique : Ils l’utilisent à bon escient, et d’après moi, ils arrivent mieux à prendre conscience du temps qu’ils y passent et à s’en déconnecter.

-Air of melty : Les moins de 35 ans se tournent essentiellement vers Instagram et Snapchat désormais. Pourquoi ?

C.R : Chez les jeunes, 20% du temps passé sur les applis se fait sur des applications comme Facebook et Twitter. Facebook reste en tête mais cela est en train de changer très rapidement. En 2017, Facebook a perdu, aux Etats-Unis, 2,8 millions d’utilisateurs de moins de 25 ans, et devrait en perdre 2,1 millions pour 2018, sur la même classe d’âge. Les jeunes utilisateurs de réseaux sociaux privilégient d’abord les applis plus attrayantes développées pour le mobile, telles que Snapchat. Facebook a perdu son facteur « cool » depuis des années au profit de Snapchat et Instagram qui offrent des fonctionnalités de partage de photos et de vidéos qui disparaissent… ce qui est bien plus fun. Les applis qui offrent des filtres, des animations, des effets spéciaux sont aussi très attirantes. La jeune génération est en attente d’évolutions régulières sinon elle se lasse très vite comme on a pu le constater avec l’appli de jeu Pokemon GO dont l’attrait s’est très vite estompé après une sortie qui a eu un retentissement mondial. Les sites de vidéos et de musique comme Youtube attirent également beaucoup les jeunes. Facebook souffre clairement d’un problème d’image. Beaucoup estiment que Facebook « c’est pour les vieux ». On a même vu apparaitre une nouvelle génération « Facebook-nevers » n’ayant jamais été sur le site de Marc Zukerberg. En perdant la prochaine génération d’utilisateurs, Facebook perd sa domination à long terme.

-Air of melty : En marge des jeunes accros aux réseaux sociaux, on note une tendance à la detox digitale, à la déconnexion temporaire, avec le phénomène JOMO. Pouvez-vous nous en parler davantage ?

C.R : En réponse à la tendance du FOMO (peur de passer à côté de quelque chose / Fear of missing out) pour les accros aux réseaux sociaux, on a vu apparaitre le concept du JOMO (pour Joie de passer à côté / Joy of missing out). Elle gagne en popularité auprès de ceux qui considèrent que les réseaux sociaux leur font perdre plus de temps que cela ne leur apporte de satisfaction. Ils font le choix de se déconnecter ou de ne pas répondre aux sollicitations de leurs amis pour rester chez eux. Cela consiste aussi à prendre la distance avec les défis constamment lancés sur les réseaux (comme celui des 10 ans dernièrement) ou à ne plus attendre d’avoir des dizaines de like sur votre dernier tweet (et vos décharges de dopamine) pour vous sentir heureux. Les designers qui ont conçu les réseaux sociaux, avec le fil d’actualité infini, avaient bien conscience du phénomène d’addiction que cela pouvait provoquer. La tendance, qui consiste à mettre en avant ce que nous vivons de plus fun dans les endroits les plus beaux, provoque forcement chez l’autre, une quête de vivre toujours de nouvelles expériences, désirer plus et, au final, de se sentir frustré. Le Jomo consiste à reprendre le dessus sur ces tentations pour vivre intensément le présent. Un petit travail d’introspection permet de définir ce qui est important pour soi et d’apprendre à transmettre ce que l’on vit d’authentique avec ceux que l’on aime.

-Air of melty : Est-ce cette tendance qui va pouvoir permettre l’émergence de nouveaux réseaux sociaux, comme par exemple Senscial ?

C.R : Senscial est entre les 2 tendances dont nous venons de parler. Nous considérons que le digital et les réseaux sociaux font partie de notre besoin de rester en contact avec le monde. Mais que leur usage doit être raisonné et servir à quelque chose d’utile et qui fasse du bien à soi et aux autres. Senscial c’est l’anti-Facebook : c’est un réseau fermé et limité à ses proches. Les messages ne sont jamais immédiats. Ils sont toujours envoyés en différé. Senscial permet de répondre à la question : parmi les milliers de photos que je prends, lesquelles sont celles que j’emporterais sur une île déserte ? Quelles sont celles qui racontent le mieux notre vie et ce que l’on a envie de transmettre à ceux qui comptent ? Quelles sont celles qui méritent d’être conservées dans ce coffre fort émotionnel pour les 5 ou 30 ans à venir ? La seule chose qui nous rapproche de Facebook c’est la fonction « rappel de souvenir » sauf qu’avec Senscial c’est vous qui décidez des photos que vous voulez revoir et pas un algorithme. Senscial est tout aussi simple d’utilisation que WhatsApp pour partager des photos ou des vidéos en groupe. Nous apportons en plus des fonctionnalités en plus de classement, de stockage, de constitution de messages à plusieurs pour des anniversaire ou des mariages, d’envois de photos à vos enfants qui n’ont pas d’emails, avec la possibilité d’ajouter des commentaires. Nos utilisateurs adorent cette nouvelle façon de communiquer !

-Air of melty : Comment expliquer le succès phénoménal des stories sur tous les réseaux sociaux ? Pourquoi les Millennials en partagent-ils et en consultent-ils tant ?

C.R : La fonction stories d’Instagram vous permet de partager des photos avec vos followers mais chaque message disparaît au bout de 24 heures, à moins que vous l’ajoutiez à votre profil en tant que « highlight » permanent. Le succès des stories s’explique par plusieurs raisons. D’abord, les stories sont plus adaptées aux smartphones que les fils d’actualité. Ensuite, les photos et les vidéos courtes s’insèrent bien dans le format. Cela permet pas mal de créativité et elles sont généralement amusantes. Cela répond fondamentalement à un besoin de raconter une histoire pour séduire et gagner de l’engagement auprès du public. On est tous, et cela depuis notre enfance, séduit par les belles images et les histoires. Pour ceux qui créent les stories, c’est également facile et rapide. Il ne s’agit finalement que de sélectionner les meilleurs moments de sa journée et d’ajouter quelques effets comme les gifs et les boomerangs qui sont très utilisés. Les millenials adorent les stories mais ils sont aussi très volatiles et cela nécessite pour les marques ou les influenceurs de se renouveler en permanence pour conserver leur audience. Pas sûre que voir, tous les jours, l’assiette de votre star préférée, ne vous lasse pas à la longue… L’échec cuisant des stories sur Facebook montre aussi qu’elles ne sont pas forcement adaptées à toutes les générations.

-Air of melty : L’année 2019 sera-t-elle l’année de l’éphémère ? ou d’autre chose ?

C.R : Je pense que deux types d’applications peuvent co-exister. Celles pour se divertir et celles pour ce qui important et personnel. Les jeunes sont plus que jamais en recherche de sens et de relations avec leurs familles. Mais ils n’ont pas envie de publier sur les réseaux sociaux ce qui les touche personnellement. Une tendance que je constate chez les utilisateurs de Facebook et Instagram, c’est le « ras-le-bol » collectif des pubs. On en est submergé sur Facebook et c’est de plus en plus le cas sur Instagram. Il y a eu aussi une prise de conscience que ces réseaux vendent largement nos données personnelles sans notre autorisation et cela est, de moins en moins accepté.

-Air of melty : De manière générale, comment voyez-vous les réseaux sociaux évoluer au cours de ces prochains mois et de ces prochaines années ?

C.R : Mon avis n’engage que moi mais peut-on raisonnablement parier que partager des contenus pour 24 heures, qui ne sont donc pas assez intéressants pour être conservés plus, peut durer longtemps ? Certes les stories c’est sympa, mais quand vous venez de passer vos 30 dernières minutes sur des stories de gens que vous connaissez à peine, il y a bien un moment où vous vous posez la question : qu’est ce que cela m’a apporté ? Nous sommes passés dans une économie de l’attention où cette dernière est la proie de tous les GAFAS. Si votre attention est si chère, pourquoi continuer à perdre ainsi votre temps sur des choses si futiles ? Le temps est ce que nous avons de plus précieux. Nous devrions le passer à des actions positives pour ceux qui comptent. Ma devise : restez connecté mais en favorisant la qualité et l’authenticité, plutôt que le superficiel et l’immédiateté !