Stedy, “Les étudiants ont ce sentiment de vivre une année fantôme“ (EXCLU)

Par Céline Pastezeur - Publié le 25 Fév 2021 à 12:21
Stedy, “Les étudiants ont ce sentiment de vivre une année fantôme“ (EXCLU)
Pour l’interview de la semaine, Karl Rigal, Directeur Marketing de Stedy, nous parle du moral, des ambitions et des attentes et des étudiants français en cette période si compliquée qu’ils traversent actuellement.

Alors que le malaise étudiant grandit, avec une jeune génération qui a de plus en plus l’impression de ne pas être entendue voire de se sentir sacrifiée, de plus en plus d’acteurs se mettent en lumière pour évoquer l’urgence de venir en aide aux étudiants en situation de précarité. Ces dernières semaines, c’est notamment ce qu’ont fait Auchan, Intermarché, Picard et bien plus encore en mettant en place des dispositifs spéciaux pour soutenir les plus jeunes. Aujourd’hui, Karl Rigal, Directeur Marketing de Stedy, nous parle de ce qui caractérise les étudiants en cette période difficile, marquée par la crise et l’enseignement à distance.

-Air of melty : Pouvez-vous nous présenter Stedy en quelques mots ?

Karl Rigal, Directeur Marketing de Stedy : StedY c’est une société de conseil en ingénierie et technologies. Nous recrutons des ingénieurs consultants qui choisiront leurs missions et accompagneront pendant plusieurs mois nos clients dans la conception et le déploiement de leurs projets d’innovation.

-Air of melty : La crise du Covid-19 est particulièrement difficile à vivre pour les étudiants. Quelles sont les principales complications qu’ils rencontrent actuellement : isolement, mauvaise connexion avec les professeurs et avec les camarades de classe, difficultés financières… ?

K.R : Comme leurs camarades d’autres filières, les 150.000 étudiants en écoles d’ingénieurs décrivent d’abord ce sentiment de vivre une ’année fantôme’ : leurs professeurs et camarades de promotion sont bien là, leurs visages ou leurs initiales apparaissant en vignettes sur leurs écrans, mais leur présence n’est plus incarnée. Les étudiants s’accrochent au planning des cours pour tenter de maintenir un cap, une direction, mais ils manquent de repères, en particulier en première année, et perdent cette dynamique de groupe si essentielle pour développer l’engagement et la motivation. Beaucoup ont dû quitter leur région d’origine pour rejoindre leur école, renforçant ce sentiment d’isolement, un sentiment dur à vivre à tout âge certes, mais probablement plus encore lorsqu’on a 20 ans et que l’on se sent enfin prêt à exprimer sa personnalité, à la confronter au monde et aux autres. Sans compter que beaucoup d’élèves en écoles d’ingénieurs ont consenti, exigence des classes préparatoires oblige, à reporter de quelques années l’accès aux plaisirs de la vie étudiante et qu’après tant d’attente et d’effort, ils ont l’impression d’un rendez-vous manqué. À la détresse psychologique ainsi créée s’ajoutent souvent des difficultés financières, consécutives à la perte de leurs jobs étudiants. Ils espèrent beaucoup de la reprise progressive des TD et TP en présentiel, annoncée comme imminente, pour espérer ‘sauver’ leur second semestre, mais cette situation est loin de permettre aux étudiants en écoles d’ingénieurs de se projeter sereinement dans la réussite de leurs études. L’impact de ces conditions d’apprentissage dégradées sur l’acquisition et la mise en œuvre des savoirs à acquérir, et par extension sur leur insertion professionnelle, les inquiète particulièrement.

-Air of melty : Les étudiants en fin d’études craignent-ils particulièrement pour leurs prochains emplois et le début de leur carrière ? Quelles sont les perspectives d’embauche ?

K.R : Au sortir du premier confinement, 62 % des étudiants et jeunes diplômés d’école d’ingénieur ont déclaré à l’institut de sondage Harris que malgré le contexte, ils pensaient qu’il leur serait facile de trouver un emploi. C’est une baisse de 30 points en un an, un niveau de méfiance en l’avenir jamais observé pour ces profils, toujours très demandés, même si leurs craintes sont moins fortes que celles exprimées par les étudiants en écoles de commerce par exemple. Il est à redouter que ce sentiment soit plus fort aujourd’hui encore, après que nombre de stages en entreprise ou de mois d’étude à l’étranger, des expériences très valorisées par les recruteurs, ont dû être annulés. Même si les embauches des jeunes de moins de 26 ans ont baissé de 14% en 2020, les futurs ingénieurs sont parmi ceux qui devraient le mieux tirer leur épingle du jeu : ils connaissent un sous-effectif structurel de 4% par an, et beaucoup de filières industrielles ayant bien résisté aux conséquences de la crise vont continuer de recruter ces profils, en particulier les spécialistes en mécanique, en électronique et en ingénierie logicielle. A titre d’exemple, sur stedy.io, ce sont plus de 200 missions qui sont actuellement proposées, et même si nos clients ont majoritairement besoin de consultants ‘ayant de la bouteille’ pour être immédiatement opérationnels au sein de leurs équipes, des opportunités existent pour des talents moins expérimentés.

-Air of melty : Pensez-vous que l’on peut parler d’une Génération Covid sacrifiée ?

K.R : Il a été prouvé que les parcours professionnels des jeunes diplômés entrant sur le marché du travail en période de crise en ressentent encore les conséquences plusieurs années après, avec de moindres rémunérations ou des rythmes de progression de carrière ralentis. Pour autant, même si les promotions 2020 et 2021 des écoles d’ingénieurs connaîtront ce risque, l’attractivité employeur de ces profils, à la fois pénuriques et stratégiques pour les organisations, devrait limiter leur exposition. Avec l’accélération de la digitalisation des pratiques des Français observée ces derniers mois, beaucoup de développeurs, mais aussi les spécialistes de la data, de l’intelligence artificielle ou du cloud computing par exemple, sont même certains d’échapper à tout impact négatif de la crise actuelle sur leur employabilité et trouveront très facilement des opportunités.

-Air of melty : Quelles sont les envies prioritaires des jeunes actuellement ? Ont-elles changé dans ce contexte ? Dans quels types d’entreprise se projettent-ils demain ?

K.R : Les jeunes générations recherchent plus d’autonomie, mais aussi plus de sens et d’impact dans l’exercice quotidien de leurs métiers. C’est une tendance de fond qui préexistait au confinement, mais qui a accéléré depuis, et dans laquelle les étudiants ingénieurs s’inscrivent fortement. Pour eux, la responsabilité sociale et environnementale d’une entreprise est aujourd’hui devenue le 3eme point d’intérêt le plus important lorsqu’ils choisissent une entreprise dans laquelle travailler, alors que ce critère n’arrivait qu’à la 11eme place il y encore deux ans… Nous le constatons au quotidien : les entreprises qui, dans leur page de présentation sur StedY, expriment leur conscience citoyenne et l’illustrent par des actions concrètes, génèrent plus de candidatures auprès de nos consultants ingénieurs qui choisissent leurs missions.