Stress, tristesse, déprime, comment est la santé mentale des étudiants actuellement ?

Par Céline Pastezeur - Publié le 26 Oct 2020 à 14:05
48% des étudiants français se sentent dissuadés de poursuivre une carrière créative
Alors que la crise sanitaire et économique liée à la pandémie de Covid-19 pèse indéniablement sur tous les Français, on note que la situation est particulièrement compliquée pour les 16-35 ans. C'est ce que montre une nouvelle étude signée Heyme et OpinionWay.

La fin d’année 2020 s’annonce particulièrement compliquée pour la jeune génération. D’un côté, le couvre-feu instauré dans une majorité de départements en France et la menace de restrictions encore plus strictes pèsent fortement sur leur vie sociale, même s’ils en rigolent beaucoup sur TikTok actuellement. De l’autre côté, la crise sanitaire et économique de cette année a aussi un impact direct sur la situation des étudiants, qui se dégrade particulièrement depuis la rentrée de septembre. Alors, comment va réellement le moral des 16-35 ans dans un tel climat ? Heyme, la mutuelle des jeunes, a justement voulu mesurer l’impact de la crise sanitaire sur la santé mentale des étudiants et plus généralement leur moral au quotidien. Stress, pensées négatives et suicidaires, consommation de produits psychoactifs, peur de l’avenir, l’étude Heyme menée par OpinionWay fait le point sur différents sujets qui permettent de mieux cerner l’état d’esprit actuel de la jeune génération. L’occasion d’apprendre, dans un premier temps, que la grande majorité des étudiants ont une bonne estime d’eux-mêmes. Ainsi, 77% indiquent avoir une bonne image d’eux-mêmes. Quoi qu’il en soit, tout n’est pas toujours rose dans la tête des jeunes, c’est bien certain…

Toujours selon l’étude menée par OpinionWay pour Heyme, près de la moitié des jeunes sondés (49%) éprouvent régulièrement des phases de déprime. Aussi, plus de 6 étudiants sur 10 éprouvent régulièrement un sentiment de tristesse et plus de la moitié (55%) ont régulièrement des pensées négatives. Enfin, près d’un étudiant sur 10 a régulièrement des pensées suicidaires, dont 2% en a souvent. A ces sentiments négatifs, il faut ajouter les troubles du sommeil rencontrés par les étudiants : plus de la moitié d’entre eux (55%) déclare rencontrer des problèmes de sommeil. Sur cette moitié 38% d’entre eux lient ces problèmes de sommeil au stress. Toutes ces données viennent confirmer ce que d’autres études avaient déjà mis en lumière ces derniers mois : la jeune génération vit des moments très difficiles mentalement. C’est particulièrement le stress qui pèse sur son quotidien : les étudiants identifient en moyenne 3 à 4 motifs de stress dans leur quotidien : les études sont le principal sujet de stress. En effet, les périodes d’examen (54% des étudiants) et la peur de l’échec scolaire (49% des étudiants) arrivent en tête des facteurs de stress identifiés par ces derniers. Aussi, les problèmes financiers (43% des étudiants) sont clairement mentionnés par les étudiants qui les placent en troisième position des facteurs de stress dans leur quotidien d’étudiant. Les problèmes de santé sont évoqués par 21% d’entre eux. Afin de gérer ce stress, les étudiants ont la plupart du temps recours à des pratiques positives : ils échangent avec des proches et pratiquent du sport le plus souvent. En revanche, 15% des étudiants ont tout de même recours aux produits psychoactifs pour gérer le stress (drogues, anxiolytique…). Enfin, en période de stress, on s’aperçoit que la consommation d’alcool et de tabac augmente pour près d’un étudiant sur 10. Quid de l’impact direct de la Covid-19 sur ces jeunes ?

Comme le révèle l’étude, pour plus de 6 étudiants sur 10, la crise sanitaire liée au COVID-19 est source de stress, principalement pour des raisons qui tiennent au caractère inconnu des effets de la crise et les incertitudes sur leur avenir. D’autre part, alors que les commentaires généraux ont tendance à stigmatiser les jeunes pour leur manque de responsabilité face à la crise, il faut souligner que plus de la moitié des étudiants exprime la crainte de contaminer un proche fragile (54% d’entre eux). Dans le même temps, un jeune sur dix déclare ne pas se sentir concerné par la crise et 5% déclarent ne pas y croire, tout simplement. Quand on les questionne sur leur vision de l’avenir, 68% des étudiants déclarent que la crise aura un impact sur leur avenir. D’ailleurs, la plupart des répondants identifient des conséquences déjà mesurables dans leur vie actuelle (pour 39% des étudiants, « la crise a un impact » / pour 29% « la crise aura un impact »). Une même proportion de répondants déclare une crainte de l’avenir (64%), si cette crainte se concentre principalement sur l’insertion professionnelle (55% « recherche d’emploi ») ; la mobilité est également un sujet incertain : 42% d’entre eux expriment la crainte de ne pas pouvoir voyager à l’étranger dans les mêmes conditions qu’auparavant et 41% évoquent des problèmes financiers. Enfin, à ces différentes inquiétudes, s’ajoute le constat alarmant que plus d’un étudiant sur deux a le sentiment de passer à côté de sa vie d’étudiant (53%). En somme, on l’aura compris, comme l’a dit lui-même Emmanuel Macron lors de son allocution mi-octobre, « avoir 20 ans en 2020, c’est dur ».