Udemy, « La nouvelle génération est ultra dynamique et curieuse de tout » (EXCLU)

Par Céline Pastezeur - Publié le 21 Mar 2019 à 12:53
Les Millennials et le télétravail, quel bilan pendant le confinement ?
Au travail les jeunes, mais comment au juste ? Llibert Argerich, Vice-Président Marketing d'Udemy, plate-forme mondiale d’apprentissage et d'enseignement en ligne, nous l'explique en nous parlant de la place particulière qu'occupent les Millennials sur le marché du travail.

Vous le savez, au quotidien, la mission que se donne la rédaction d’Air of melty est de vous aider à mieux cerner la jeune génération, et ce sur tous les fronts, notamment celui de l’emploi. Après vous avoir dévoilé les (nouvelles) attentes de la Génération Z au travail et après vous avoir présenté quelques pistes pour manager les Millennials en 2019, nous avons aujourd’hui décidé de donner la parole à Llibert Argerich, Vice-Président Marketing d’Udemy, plate-forme mondiale d’apprentissage et d’enseignement en ligne, qui nous explique en quoi les jeunes sont différents de leurs aînés sur le marché du travail.

-Air of melty : Globalement, en 2019, les moins de 35 ans trouvent-ils facilement leur place sur le marché du travail ?

Llibert Argerich, Vice-Président Marketing d’Udemy, plate-forme mondiale d’apprentissage et d’enseignement en ligne : Les jeunes ont une vision très différente du marché du travail par rapport aux personnes de plus de 35 ans. Il n’est plus question de faire sa carrière toute sa vie dans la même entreprise et d’y évoluer ou non en interne. À l’inverse, ils sont davantage conscients du fait qu’ils ont besoin d’apprendre de nouvelles compétences afin de rester compétitifs. Ils sont plus plus enclins à changer de métier au cours de leur vie et n’ont pas peur de faire face à de nouveaux défis professionnels. Selon notre étude, 60% des Millennials sondés pensent que leurs apprentissage scolaire a été suffisant afin d’entrer sur le marché du travail aujourd’hui, ils sont la catégorie d’âge qui soutien le plus ce constat. Mais ils sont également 78% à avoir déclaré qu’ils doivent se former davantage afin de réaliser au mieux leur métier. Il existe donc un écart entre ce qu’ils ont appris pendant leur formation scolaire, ce qui leur a permis de trouver un emploi et la réalité du métier qui leur demande d’apprendre de nouvelles choses afin de rester compétent. D’un autre côté, ils sont 61% de Millennials à déclarer être capable de démissionner si l’employeur ne fournissait pas la formation nécessaire pour aider à avancer dans sa carrière.

-Air of melty : Quelle place occupe le travail dans leur vie, quelles sont leurs aspirations ?

L.A : Le travail est fondamental évidemment et ce pour toutes les catégories d’âge mais, pour les Millennials, ils y trouvent surtout une source d’inspiration et d’épanouissement dans leur vie. C’est un moyen pour eux de s’exprimer et de montrer qui ils sont et ce à quoi ils aspirent. Leurs changements de parcours reflètent leurs état d’esprit du moment.

-Air of melty : Votre étude révèle que les Millennials font partie de ceux qui ressentent le plus fortement l’effet du déficit de compétences. Pouvez-vous nous en dire plus ?

L.A : L’année dernière, nous avons réalisé pour la première fois un rapport sur les déficits de compétences. Ces résultats nous ont donné une idée très intéressante de la perception des travailleurs français du marché du travail actuel et des besoins nécessaire pour que celui-ci reste compétitif. C’est pourquoi nous avons souhaité reconduire cette étude. En effet, nous avons découvert que plus de 9 travailleurs français sur 10 pensent qu’il existe un déficit de compétences en France, en comparaison avec l’année dernière (2017), cet écart de compétences a augmenté de 12 points, passant de 81% à 93%; et 49% des sondés pensent que ce déficit les affecte personnellement. Si nous regardons les résultats pour les Millennials sondés, ils sont 92% à déclarer qu’il existe un déficit de compétences en France mais seulement 53% à penser que cela les affecte. Ils pourraient ressentir davantage ce déficit de compétences pour plusieurs raisons : ils sont le groupe d’âge sur le marché du travail le plus au fait des nouvelles technologies (sachant à quel point les choses changent rapidement), ils prennent alors conscience qu’il faudra adopter une attitude d’apprentissage tout au long de la vie s’ils veulent continuer à progresser dans leur carrière.

-Air of melty : Comment les jeunes essaient-ils de faire face à ce déficit de compétences ?

L.A : Il n’existe aucun plan ou aucune voie de formation prédéfinie qui garantit le succès de notre avenir professionnel, chaque étudiant et chaque travailleur doit suivre son propre chemin. L’important en ce qui concerne les emplois du futur, est d’opter pour une formation qui n’apporte pas uniquement une nouvelle ligne sur le CV, mais qui donne de réelles compétences, et dont le contenu est aussi à jour que possible et avec une approche pratique. Pour rester compétitif à l’avenir, la clé sera l’apprentissage par la pratique, ce qui implique souplesse et rapidité lorsqu’il s’agit de former et d’acquérir de nouvelles compétences. Selon notre étude, les Millennials sont le groupe d’âge avec le taux le plus fort de personnes qui ont répondu apprendre de nouvelles compétences avec 78% (les Baby-Boomers et la Génération X sont 73%). Cela montre bien qu’ils ont intégré le fait qu’il était important pour eux personnellement et professionnellement d’apprendre de nouvelles compétences. La première source d’apprentissage et de formation reste à travers les programmes de formations via l’entreprise mais les cours ou vidéos en ligne arrivent en deuxième option.

-Air of melty : De manière générale, les Millennials se sentent optimistes sur le marché du travail ou ont-ils plutôt tendance à être pessimistes (automatisation, situation géographique, avancement pro…) ?

L.A : Selon notre étude, les Millennials font face à des sentiments partagés concernant la situation actuelle du marché du travail. À hauteur de 69%, ils sont la catégorie d’âge qui pense le plus qu’ils auront moins d’opportunités d’évoluer professionnellement que les travailleurs des précédentes générations. En contrepartie, 54% des Millennials sondés déclarent que les travailleurs en France peuvent être heureux et avoir du succès professionnellement s’ils travaillent durs. Ils sont alors réalistes et savent qu’il est difficile de réussir sur le marché du travail actuellement. Mais ils savent qu’ils peuvent réussir professionnellement si ils travaillent dur, et même plus dur que les générations précédentes.

-Air of melty : On dit beaucoup que les jeunes sont des slasheurs, qui cumulent plusieurs activités professionnelles. Pouvez-vous confirmer cette tendance ?

L.A : Je pense effectivement que, d’une manière générale, cette nouvelle génération est ultra dynamique et curieuse de tout. Par exemple, sur notre plateforme, il n’est pas rare de voir un étudiant se former au piano tout en prenant des cours de code. Ils peuvent passer d’un cours sur une soft skills comme apprendre à gérer son stress à un cours ultra technique sur les Bitcoins. Ils n’ont pas peur d’essayer, de tester de nouvelles choses et d’apprendre. Les Millennials sont le groupe d’âge avec le plus grand nombre de personnes qui déclarent avoir un second emploi (36%). En comparaison, ils sont 18% de Baby-Boomers et 31% de la Génération X a déclarer cela.

-Air of melty : Comment voyez-vous le marché du travail évoluer ces prochains mois/ces prochaines années ? Qu’est-ce qui attend la jeune génération ?

L.A : À l’avenir, les entreprises exigeront des profils qui n’existent pas aujourd’hui. Ce fut déjà le cas des profils liés au Big Data ou à l’Intelligence Artificielle, qui étaient à peine connus et dont la demande est actuellement très forte. Tout indique que la demande se fera dans les domaines où les nouveaux profils professionnels sont hautement spécialisés. Les générations plus jeunes devront faire face à ce défi de la formation (formation dans l’IT en particulier) pour continuer à jouer un rôle clé dans leur entreprise. Mais les employeurs doivent aussi être conscients que les employés compétitifs exigeront en retour de bonnes conditions de travail, non seulement en termes de salaire, mais aussi de formation en entreprise ou d’environnements de travail.