Plaiz, « On est un réseau social qui ne fait rien comme les autres en connectant les passionnés de mode entre eux » (EXCLU)

Par Céline Pastezeur - Publié le 23 Juil 2020 à 11:42
Plaiz, « On est un réseau social qui ne fait rien comme les autres en connectant les passionnés de mode entre eux » (EXCLU)
Y a -t-il de la place pour une nouvelle appli phénomène sur le marché du mobile en cet été 2020 ? La réponse est oui ! Pour les passionnés de mode, le service à connaître actuellement est Plaiz. Boukar Sall, son co-fondateur et CEO, répond à nos questions pour vous aider à découvrir cette nouvelle appli qui se définit comme un anti-réseau social.

On le sait, la jeune génération adore la mode. En cette période de déconfinement, nombreux sont les jeunes qui achètent des vêtements. Nombreux aussi sont ceux qui parlent de vêtements. C’est notamment sur l’appli Plaiz, anti-réseau social par excellence que nous vous avions présenté en début d’année, que ça se passe. Décryptage d’une jeune appli à surveiller avec Boukar Sall, co-fondateur et CEO de Plaiz, dans le cadre de l’interview de la semaine.

-Air of melty : Comment est venue l’idée de créer Plaiz ? Est-ce que c’est un constat d’un manque de quelque chose sur le marché des réseaux sociaux ?

Boukar Sall, co-fondateur et CEO de Plaiz : Notre idée actuelle vient essentiellement du besoin que nous ont fait remonter les utilisateurs. À l’origine, on avait créé une application qui permettait de recevoir des feedbacks lorsque tu étais en hésitation dans une cabine d’essayage. Sauf qu’il était très compliqué d’être réactif et de faire un feedback en temps réel. Il a donc fallu qu’on trouve une alternative à ça. C’est comme ça que nous est venue l’idée de connecter des gens avec d’autres personnes dont l’avis compte et, surtout, dont l’avis est purement objectif. Le mieux était donc de les connecter avec d’autres consommateurs qui partagent leurs goûts en matière de mode. De plus en plus d’utilisateurs ont commencé à s’exprimer sur l’appli même lorsqu’ils n’hésitaient pas, car ils aimaient le fait d’appartenir à une communauté qui cherche à partager son style plutôt que la course à la popularité, c’est comme ça qu’est né Plaiz comme on le connaît aujourd’hui.

-Air of melty : Pouvez-nous nous présenter Plaiz en quelques mots : le concept, comment ça marche ?

B.S : On se définit comme un anti-réseau social car on ne fait rien comme les autres. On permet aux utilisateurs passionnés de mode d’être connectés avec d’autres passionnés qui ont les mêmes goûts qu’eux, même sans se connaître
. Sur les autres réseaux sociaux, les gens vont construire leur communauté : on ajoute des gens sur Snapchat, on fait en sorte de faire grandir sa communauté sur Instagram, Twitter et compagnie alors que, sur Plaiz, on rejoint un groupe et on a donc une audience dès le départ. Cela permet de baisser les barrières à l’entrée et de partager immédiatement. Pour être sûrs que notre communauté reste une communauté bienveillante et authentique, on s’est assuré de n’accepter que des personnes bienveillantes au départ car ce sont elles qui définissent ce qu’il va advenir de la communauté par la suite. On s’assure toujours que notre communauté reste portée par des commentaires bienveillants et des photos likées, qui permettent à chacun de s’épanouir sur Plaiz.

-Air of melty : À quel point la mode est un sujet important pour la jeune génération aujourd’hui ? Quel est le rapport des moins de 35 ans à l’univers de la mode ?

B.S : La mode est un sujet hyper important car les jeunes vivent dans un monde d’image en permanence, qu’il s’agisse de photos ou de vidéos. Ils consomment énormément ces deux formes de contenus, que ce soit sur les réseaux sociaux ou sur des plateformes comme YouTube. De par ces plateformes, qui les influencent beaucoup, ils peuvent se construire eux-même leur univers visuel, leur style. Le fait de savoir au jour le jour comment s’habillent les stars et le fait de suivre des influenceurs au quotidien permet à chacun de se créer un univers particulier qui passe en grande partie par des vêtements. Aussi, comme on a tendance à être surexposé, les tendances vont avoir tendance à naître et mourir plus rapidement. On se lasse plus rapidement. C’est ce qui fait que les gens peuvent changer de style très rapidement. C’est ce que montre bien notre hashtag #flashback sur l’application. On peut voir que, d’une année sur l’autre, les styles changent hyper rapidement parce que l’inspiration est partout. Comme nos utilisateurs sont connectés en fonction de leur style, cela représente un sacré challenge pour nous puisqu’il faut qu’on suive le rythme, mais on sait le faire !

-Air of melty : Est-ce que tu peux nous parler de différents « gangs de styles » qui existent sur l’appli ?

B.S : On a une très grosse communauté streetwear mais c’est lié au fait que les premiers utilisateurs étaient fans de ce style vestimentaire, ce qui a forcément influencé la suite. Dans les gangs de style, on retrouve aussi du sportswear, des gens qui vont être un peu plus chic, des gens qui se définissent comme ayant un style « parisien », un style classique, grunge, rock, EMO, etc.. Lorsqu’on demande à nos utilisateurs de décrire leur style, les mots qui ressortent le plus sont « vintage », « hype », « casual » ou « unique ».

-Air of melty : Selon vous, cela montre bien que la Génération Z est loin d’être uniforme ?

B.S : En effet, ils sont loin d’être une génération uniforme. Cela étant dit, il y a quand même des grandes tendances qui ressortent et qui les rassemblent : que tu sois fan de vintage, de rock ou de streetwear par exemple, tu vas avoir tendance à porter des vêtements qui sont oversize. Aussi, le point commun de cette génération, c’est que, même au sein d’un gang de style, chacun essaie de se démarquer. Chacun veut revendiquer et laisser exprimer son individualité. En voyant une grande diversité de contenus sur les réseaux sociaux, les gens ont tendance à être plus ouverts sur le monde, s’inspirer d’énormément de choses, et à s’accepter davantage comme ils sont, et à le revendiquer.
Une autre chose intéressante à noter au sujet de cette jeune génération, c’est que, grâce à cette fenêtre sur le monde que sont les réseaux sociaux, même si chacun veut créer de l’individualité, un parisien adepte du streetwear peut s’inspirer du streetwear à Tokyo ou à New York. Cela conduit aussi à une certaine uniformité. Finalement, il s’agit d’une génération qui est ensemble dans sa différence.

-Air of melty : L’application repose sur la qualité des interactions plutôt que sur la quantité en matière de communauté. Pensez-vous que l’on assiste aujourd’hui au développement d’un nouveau rapport aux réseaux sociaux chez les jeunes : moins de likes et plus d’échanges ?

B.S : Complètement. Ce sont des jeunes qui ont grandi avec et en même temps que les réseaux sociaux et qui ont donc un regard plus critique sur ce qu’ils vont voir en ligne, notamment en ce qui concerne les contenus des influenceurs et des marques. Alors, certes, les influenceurs ont toujours un pouvoir énorme. Mais, de manière générale, on le voit, les jeunes ont tendance à faire de plus en plus confiance aux micro-influenceurs plutôt qu’aux macro-influenceurs. Tout simplement parce qu’il y a beaucoup plus de facilité à échanger avec un micro-influenceur. Tu peux laisser un message ou un commentaire et cette personne va généralement répondre et commencer un échange alors que Kim Kardashian ne va jamais répondre à ton message. On a donc naturellement de plus en plus tendance à se tourner vers des communautés plus petites, qui sont propices aux échanges plus vrais et plus authentiques. C’est d’ailleurs une réalité qui se vérifie en ligne comme dans le monde physique. Chez Plaiz, on s’est rendu compte que certains jeunes ont des tonnes de photos de leurs tenues sur leur mobile mais qu’ils n’osent pas les poster sur les réseaux sociaux parce qu’ils pensent que c’est réservé aux influenceurs. Ils se taisent alors qu’ils ont envie de partager leur style. Sur notre appli, c’est plus facile de créer du contenu simplement, de se sentir légitime.

-Air of melty : Vous organisez aussi des événements dans le monde physique, comme l’Anti Fashion Week et des « collabs-surprises ». Pouvez-vous nous en dire plus ?

B.S : On ne veut pas que notre communauté soit seulement digitale. On veut qu’elle soit également physique. C’est pourquoi on organise notamment la Plaiz Anti Fashion Week. C’est comme la Fashion Week avec des défilés, des soirées, des performances en live, des showrooms, etc. Sauf qu’il s’agit d’une fashion week 100% réservée aux marques émergentes et en priorité aux gens qui n’ont jamais assisté à un défilé. On veut démocratiser l’univers de la mode. Cela nous permet aussi de rencontrer nos utilisateurs IRL. Dans les collabs-surprises, on rassemble stylistes, photographes, designers, mannequins (la plupart du temps amateurs) qui ne se connaissent pas et on les fait collaborer en les sortant un peu de leur zone de confort. Ils ont une après-midi pour produire leur shoot, qui leur permet ensuite de se faire connaître auprès de la communauté de Plaiz.

-Air of melty : Comment vous voyez le secteur de la mode évoluer pour les mois et les années à venir ?

B.S : Aujourd’hui, c’est beaucoup plus simple de créer une marque et des vêtements. D’une part parce que les réseaux sociaux sont une source d’inspiration énorme mais aussi parce que les outils de création et de lancement sont très accessibles. C’est ce qu’on appelle les « bedroom designers » en interne, dans le sens où on peut désormais créer facilement une marque depuis sa chambre et aisément trouver une audience. Maintenant, il faut savoir que les utilisateurs ont un regard très critique et sont à la recherche d’une marque qui sera en accord avec leurs valeurs. Parmi ces valeurs, l’écologie est un point essentiel. Dans quelque temps, l’écologie ne pourra plus être un argument de vente : ce sera une obligation d’être une marque écolo sinon les gens n’achèteront pas. Aussi, à l’avenir, je pense que les collections de vêtements seront plus petites mais plus fréquentes, à l’image de ce que Suprême propose déjà, avec un nouveau drop toutes les semaines. Enfin, je pense que les marques de mode s’appuieront de plus en plus sur des micro-communautés qui leur permettront de mieux créer leurs vêtements, en étant sûres que c’est ce que les clients attendent et en sachant quelle quantité produire.

-Air of melty : Comment Plaiz prévoit d’évoluer à moyen terme ?

B.S : Côté produit, on a beaucoup de choses à venir, dont notamment la mise en place de Squads, qui représententent les meilleurs amis au sein de l’application. Les relations ne reposent pas sur les affinités dans la vraie vie mais des rencontres sur l’application. Encore une fois, on part du principe que notre communauté n’est pas seulement digitale mais qu’elle est aussi physique. On veut que notre communauté se rencontre. Si tu ajoutes quelqu’un en squad sur Plaiz, on espère que ça va donner lieu à des sorties shopping en commun ou d’autres échanges en message privé. Et pour l’année 2020, on prévoit aussi de s’ouvrir à l’international. On veut se lancer dans toutes les capitales de la mode : Milan, Londres, New York, Tokyo, Séoul, etc. On a plus une réflexion par ville que par pays pour que les communautés puissent être physiques en plus d’être digitales.